Sur la platine – every loser – iggy pop

Publié le 20 septembre 2023 par Unis Son @unissonmag

Irrévérencieux, Iggy Pop l’est depuis que le monde est monde. Sa marque, c’est de faire ce qu’il veut, comme il veut, quand il veut. Du coup, on se retrouve avec des petites pépites dans son dernier album, Every Loser.

Dans sa forme vinyle, on s’est fait plaisir avec le format édition limitée à 1000 copies et pochette alternative. La couleur de l’objet : ‘Clear Coke’ – bleu-vert quasi transparent, ou absinthe, de toute beauté. Petit rappel que oui, Iggy Pop est un animal sauvage tout juste apprivoisé maintenant qu’il a 76 ans.

 Apprivoisé ? Hmm… Si quelques titres sont plus calmes – New Atlantis, Morning Show, The News From Andy (Interlude), et My Animus (Interlude) – la légende envoie toujours autant sur ses meilleurs titres. La différence la plus grande, c’est sa voix. Profonde et graveleuse, elle se révèle haute et aiguisée quand il laisse venir les inspirations punks du titre d’ouverture Frenzy.

C’est là qu’on sait que ça démarre. On se retrouve projetés dans un tourbillon de punk dès le premier riff. C’est une frénésie qui laisserait n’importe qui haletant et en sueur, à l’image des concerts les plus chaotiques qui puissent se faire. En trois secondes de refrain, on scande déjà Frenzy en chœur. Mais ce n’est pas le seul titre dans le genre.

Neo Punk est une ode à l’identité infernale et chaotique de l’artiste collectionneur de chaises (véridique) tout en offrant un petit tacle au business glamour que l’industrie a fait du genre. Tout un commentaire avec une vibe simplissime. Il se pare d’un côté skate punk, facilement explicable au niveau de la batterie – on y reviendra – qui pourtant ne prend pas le dessus sur l’énergie brute et saccadée de ses inspirations garage.

Modern Day Ripoff suit aussi cette ligne de rock stupidement génial. C’est rapide, clair, net et précis. Néanmoins, à l’écoute, on sent encore que l’orage n’est pas loin et que la tempête pourrait tout balayer sur son passage si elle n’était pas aussi solide dans sa composition.

Stung Out Johnny se pare de couleurs plus… pop. En équilibre entre son punk furieux et son côté crooner, Iggy se laisse porter par la musique autant qu’il la porte. Un échange sur le fil, parfait d’harmonie et hyper hypnotique. C’est un titre cinématographique duquel il est difficile de se détacher.

Comments est le plus pop des titres sur cet opus. On se perd avec bonheur dans un moment extravagant – d’ailleurs, on entend les paillettes tomber du firmament de Hollywood. Cela reste une petite pique (une autre et facile peut-être) à l’industrie de l’Entertainment, des commentaires en ligne… bref, Iggy à des commentaires à faire sur la chose. On apprécie la ligne de basse d’Eric Avery (Jane’s Addiction) et l’ambiance ultra groovy du titre.

All The Way Down est un classique qui sonne tellement bien qu’il semble venir d’un album précédent. S’il était sorti dans les années 70, il aurait détruit les barrières des clubs dans lesquels il aurait été joué.

The Regency clôture l’album comme il avait commencé. Grace, énergie, et une dose d’insolence. Le titre démarre tout doux, comme pour nous bercer sur cette clôture. Mais c’est pour mieux surprendre et secouer son auditoire au premier refrain, dont les paroles sont très, mais alors très difficiles : Fuck the regency, fuck the regency up.

Petit mot sur les collaborateurs de Pop sur cet opus. Pour commencer, Andrew Watt s’empare avec brio de la guitare et de la production. Mais ce n’est pas le seul à chatouiller l’instrument : Josh Klinghoffer est aussi de la partie. C’est électrique, fou, extravagant, mais aussi sage, précis et complexe quand il le faut.

Bien sûr, à la production, Watt n’en est pas à son coup d’essai dans les grandes collaborations, et on le retrouvera le mois prochain sur l’album des Rolling Stones d’ailleurs. Mais on n’en reste pas moins admiratifs de son travail impeccable ici. Il en va de même pour Klinghoffer, connu pour son travail avec les Red Hot Chili Pepper et Jane’s Addiction. Quant à la basse, on retrouve aussi Duff McKagan (Gun’s and Roses) et Chris Chaney (Jane’s Addiction).

Iggy Pop s’est aussi entouré d’excellents batteurs dont Chad Smith (un autre Pepper) sur Frenzy, Stung Out Johnny, Modern Day Ripoff, entre autres, Travis Baker (Blink-182) sur Neo Punk, ce qui en explique sa vibe skate punk, et le regretté Taylor Hawkins (Foo Fighters) sur Comments et The Regency

Du beau monde, comme souvent. Eh bien ce n’est pas là une liste exhaustive, car ce n’est pas le but de cet article. On observe le penchant qu’à Iggy Pop pour faire de belles choses qui ne ressemblent qu’à lui, tout en piochant çà et là dans un bassin de musiciens prolifiques et talentueux, eux-mêmes profondément inspirés par les œuvres intemporelles de Pop. Un échange de notes qui contribue à la légende de chacun et à rafraîchir l’héritage musical d’un des plus grands punks de l’histoire.

On aura beau lui dire de faire autre chose, Iggy Pop n’écoutera pas. N’en faire qu’à sa tête, c’est un peu le thème de tous ses opus. Mais c’est d’autant plus vrai quand on découvre la variété, la profondeur et l’énergie d’Every Loser. Iggy Pop fait du lui, et on aime toujours.


: L. FOCHESATO – EVERY LOSER – IGGY POP – GOLD TOOTH / ATLANTIC

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