Vous êtes jeune et vivez dans le nord de l'Angleterre. Le travail sur la ligne de production est éreintant et rébarbatif. Votre quotidien est borné par les murs de l'usine et rythmé par ses cadences. Vous êtes payé au lance-pierre, mais suffisamment pour vous échapper le temps du week-end. Pour cela, inutile d'aller aux antipodes, le dépaysement se trouve là, au bout de la rue, dans le sous-sol humide d'une cave reconvertie en club. Vous avez enfilé des vêtements amples n'entravant pas les mouvements du corps, une bonne paire de chaussure, avalé quelques pilules. Fébrile, vous descendez les quelques marches qui vous séparent de la piste de danse. Désormais, vous n'avez plus qu'à vous laisser porter par la musique, d'obscurs titres à la rythmique trépidante. Vous êtes membre d'une société secrète, vous êtes un Northern Soul Boy (Girl)...
Les origines de la Northern Soul remontent à la scène rythmique et soul underground de la fin des années 1960. Des milliers d'adolescents du nord de l'Angleterre ont dansé sur le même rythme syncopé, se révoltant contre les charts. Le mouvement de musique et de danse combinait la soul américaine et la musique Motown avec des styles de danse distinctifs. L'expression a été utilisée pour la première fois par Dave Godin, propriétaire d'un magasin de disques vers 1970, après avoir remarqué que les jeunes habitants du Nord n'étaient pas intéressés par la musique des charts américains, mais achetaient de la soul énergique et rapide auprès de petits labels. Il portait un esprit qui devait précéder une passion pour les labels indépendants de punk et de new wave à venir.
Très vite se dessine le morceau typique Northern Soul, même s'il existe bien sûr des exceptions à ce modèle : un tempo rapide avec un beat marqué (parfait pour les consommateurs d'amphétamines), des belles mélodies richement arrangées et une voix enflammée. Et de nombreux titres répondront rapidement à ces critères tel que Do i love you de Frank Wilson, Seven's days is too long de Chuck Wood, Tainted love de Gloria Jones ou bien aussi le fameux Keep On Talking de James Barnett, une chanson sur les joies d'être séduit.
James Barnett - Texas - Keep On Talking - Cover