La chanson remonte à la préhistoire du folklore américain. La mélodie serait inspirée d'une ballade anglaise sur laquelle un couple américain, Georgia Turner et Bert Martin, aurait greffé des paroles inspirées des bas-fonds de la Louisiane. House of the Rising Sun ? La Maison du soleil levant. Un bordel, évidemment. Un de ces hôtels borgnes en planches peintes qu'on trouvait au bord du Mississippi, du temps de Tom Sawyer, avec ses filles en crinoline et trop maquillées, ses croupiers placides et ses pianistes en gilet bariolé. On y entend la complainte éternelle des filles perdues et des mauvais garçons, une chanson de Piaf en américain, l'histoire d'une déchéance qu'on raconte pour édifier les jeunes.
Au départ c'est une complainte. Puis un blues des années 30. Le premier enregistrement date de 1934, par Tom Clarence Ashley et Gwen Foster. Après la guerre, c'est un classique de la folk music, reprise par Woody Guthrie, bientôt imité par Joan Baez, Pete Seeger ou Nina Simone. Bob Dylan la reprendra, pour une version magnifique, toute en modulation rauque et en accords cristallins, qu'il ne peut pas commercialiser, faute d'autorisation.
Puis en 1964, un bluesman renfrogné aux airs de teddy-boy se propulsera grâce à elle au sommet du hit parade britannique. Eric Burdon (and the Animals) va reprendre ce traditional, qui se perdait dans la nuit des temps américains, pour en faire un slow brutal et sensuel. Une guitare digne des Shadows, un orgue électrique et dramatique, une basse carrée, une batterie soft et une voix cassée : House of the Rising Sun, lancée sur les transistors dans le sillage de la Beatlemania sera le slow d'une génération, repris "platement" par Johnny sous le titre Le Pénitencier, méga tube des French Sixties.
Mumford & Sons - House of the Rising Sun - Cover