Sur la platine – ohio players – the black keys

Le nouvel album de The Black Keys, Ohio Players, est un ensemble riche de collaborations, d’amour pour les genres et les surprises, et de ce que le groupe sait faire de mieux. Review sur la platine.

OHIO PLAYERS – THE BLACK KEYS

The Black Keys - Ohio PlayersDepuis 2019, les copains d’enfance et fortes têtes The Black Keys ne s’arrêtent plus de produire. Ohio Players, c’est leur douzième album depuis leurs débuts, plus de vingt ans en arrière. C’est aussi leur troisième depuis la ‘fin’ de la pandémie. Clairement, la magie opère toujours. Si j’étais passé à côté de plusieurs galettes, Ohio Players m’a tapé dans l’œil et m’a rappelé que, ouais, The Black Keys, c’est quand même plutôt cool. Peut-être parce qu’il y a quelque chose de familier, de posé autant que de viscéral. Peut-être parce que c’est poli et surprenant à la fois. Et peut-être parce que leurs collaborations sont fines et ne prennent pas le pas sur leur nature. Elles lui ajoutent simplement de la matière avec laquelle jouer.

Mais quelles collaborations ? Eh bien, une grande partie de l’album a été créée avec Beck. Le Beck. Et le risque qui vient avec, c’est son écriture et talent de composition puissante qui pourrait faire dévier Auerbach et Carney de leur son si particulier. D’ailleurs, l’envie de dire que c’est un bel album de Beck me traverse l’esprit. Mais, blague à part, si sa patte est aussi marquée sur les sept titres qu’il a coécrit, l’équilibre est fait avec le son originel du groupe de blues rock. Et ça, qu’il soit à la guitare, en clair feat, ou dans les chœurs. The Black Keys garde leur son saturé, voix feutrées, basses profondes et batterie éclatante. La même chose arrive avec Noel Gallahger, autre bel invité de marque à l’univers très défini, qui ramène quelques idées de balades, mais sauce Ohio.

The Black Keys - Ohio Players

This is Nowhere est une ouverture fraiche, aux accents pop et confirme que l’association Auerbach, Carney, Beck a du sens. Entêtant, ce n’est pas le seul titre qui va faire chanter du monde. Il suffit de passer au très produit Don’t Let Me Go pour le voir ou encore au premier single sorti, Beautiful People (Stay High), deux titres aussi produits par Dan ‘the Automator’ Nakamura. Si certains y voit une faute de gout pour son sample tirer du répertoire publicitaire de Richard Mead, j’y vois un excellent moyen de se défouler. Titre commercial par essence, c’est celui qui titille, qui rend curieux pour le reste de l’album et qui fait écho à certains autres de leurs succès commerciaux.

La patte de Gallagher brille sur le refrain de l’excellent On The Game, et moins sur le pêchu Only Love Matters. Le truc avec The Black Keys, c’est qu’ils peuvent surprendre – si on les laisse se déchainer – et Ohio Players est un album chargé dans ce sens. Et la grosse surprise arrive avec Candy and Her Friends. Écrit par Auerbach et Carney, le titre sonne d’abord comme un bon petit classique du groupe. Mais il s’élève à un autre niveau avec Lil Noid, rappeur de Memphis à la voix et au flow impeccable. Hypnotique, son évolution surprenante en fait un immanquable pour moi. Impossible de résister à son refrain de toute façon. C’est après ça que le groupe se permet une respiration avec une belle et pure reprise du titre soul I Forgot to be Your Lover. Et bien sûr, les joueurs de l’Ohio savent y faire en soul.

En écoute : Beautiful People (Stay High)

Pour rester dans les classiques du genre, le groupe enchaine ensuite sur le saturé et chaotique Please Me (Till I’m Satisfied). Un très bon titre qui, certes, part un peu dans tous les sens, mais qui contient l’âme du duo. Gallagher est de retour pour la co-écriture de You’ll Pay. Avec son groove, la collaboration est très subtile. Plus rentre dedans, Beck revient, accompagné de Juicy J. sur l’excellent, l’incroyable, l’immanquable Paper Crown. Décidément, la légende régale ici dans un mix de rock-hip-hop qui saura faire mouche en live.

Beck pour trois des quatre derniers titres. D’abord avec le très rock, mais plus faible Live Till I Die. Il s’éclipse pour le cinématographique Read Em and Weep, revient pour Fever Tree. Là ça sent clairement la fin d’album. Vibrant, nostalgique, pop blues, ça aurait pu s’arrêter là, je n’aurais pas été fâchée. Mais le groupe fait mieux et termine avec Every Time You Leave. Et c’est un excellent rappel dont les riffs donnent des frissons. Comme un mini banger qui ramène une chaleur inoubliable. C’est ce qui a fait d’Ohio Players un très bon album de The Black Keys pour moi.

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Alors certes, peut-être que pour d’autres les collaborations sont trop nombreuses et qu’ils auraient pu réduire. Mais je vois en elles plutôt une envie de tenter des nouvelles choses, de se faire un gros kiff et justement, ça marche. Parce qu’ils kiffent, nous aussi. N’est-ce pas là le principe même de faire un album ? Bref. Avec son marbré bleu qui rappelle la boule de bowling de la pochette, mon édition du vinyle n’en est pas à son dernier spin sur la platine. Si ce n’est pas le meilleur album de tous les temps par le duo à l’humour si particulier, il se place quand même dans le haut du panier.

The Black Keys seront en tournée au Royaume-Uni et en Europe dès le 27 avril, avec trois dates à Londres et deux à Paris début mai.

En écoute : On The Game


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📷THE BLACK KEYS
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