Big special retourne le jazz cafe camden

Publié le 11 juin 2024 par Unis Son @unissonmag

Le duo est déjà un phénomène. Après avoir goûté aux versions studio des titres de BIG SPECIAL, il me tardait de les voir en live au Jazz Cafe. Retour sur la soirée du 16 mai.

Leur premier album, POSTINDUSTRIAL HOMETOWN BLUES, est incroyable, c’est indéniable. Mais quid de leurs performances live. J’ai beaucoup d’attente pour BIG SPECIAL quand je rentre dans la toute petite salle du Jazz Cafe, en plein cœur de Camden. Au centre de la pièce, contre un mur, une toute petite scène. L’ambiance est à la fois sophistiquée et brute, naturelle. Un mélange qui correspond bien à la poésie du duo.

Avant qu’ils ne prennent d’assaut la scène étriquée sur laquelle s’amasse bien des instruments, deux premières parties se succèdent. D’abord Zac Lawrence, en guitare-voix, y ajoutant parfois un harmonica, qui observe la salle se remplir avec une énergie tranquille et mélancolique. Il sait faire participer le public à la fin de son set, en phase avec sa poésie déchirée. Le groupe allemand Friedberg prend la suite avec un pop-rock énergique et rond. Le groupe est adepte de beaux riffs de basses et de moments entêtants. C’est donc naturel de les voir conquérir le public, une cowbell après l’autre, dans un jeu de lumière vif et efficace.

          • Lisez la review de POSTINDUSTRIAL HOMETOWN BLUES

C£L£BRATIONS

La pièce de résistance reste BIG SPECIAL. Attentifs, les deux membres du duo sont aperçus dans le public pour leur première partie. Leur enthousiasme est contagieux et leur amour pour la musique est certain devant ce soutien infaillible pour les autres groupes. Il en va de même quand ils montent sur scène, chapeaux de cowboy sur la tête et bandana sur le pif. Le désert n’est pas silencieux, la foule adorant cette intro de face-à-face. Leurs armes ? deux bananes qu’ils se pointent l’un a l’autre avant de les jeter au public (aucune banane n’a été maltraitée… je crois).

Mais BIG SPECIAL c’est d’abord et avant tout la promesse du renouveau du punk britannique. Alors quand ils passent au micro et à la batterie, je retiens mon souffle. Le premier son part et c’est la confirmation. Dans le fond, leur logo dit £BS. Et la critique du monde dans lequel nous vivons se fait sentir. Seulement, leurs réponses ne tiennent pas de l’utopie plutôt que du réalisme. Alors qu’ils déroulent l’album POSTINDUSTRIAL HOMETOWN BLUES dans l’ordre, c’est limpide. Non, ils ne font pas de la musique pour la thune, mais bien pour le besoin d’en faire. Pour les messages, de paix et d’unité, de rejet et de fragilité. BLACK COUNTRY GOTHIC en est la parfaite ouverture.

PUNK À L’ÂME

Pendant tout le concert, la voix de Joe Hicklin impressionne de profondeur. Le micro, et parfois le texte froissé qu’il gardait dans une poche, sont les seuls instruments qui occupent ses mains. Sa voix porte, ses textes touchent. Il est à la fois poète et force tranquille à ne jamais sous-estimer. Plus enflammé dès le départ, et aux futs, se trouve Callum Moloney. Il a la parole facile et rapide, n’hésite pas à piquer le public et à escalader l’arrière de la scène parce qu’il en a envie. C’est le feu et le chaos qui pourtant apaise par sa présence énergique. Ensemble, ils se complètent et offre une performance équilibrée et juste. Comme leurs chansons. Le contraste est fort, unique, punk, brillant, mélancolique…

Parce qu’ils sont fidèles à leur nature et à leur art, le public en redemande, démarrant des pogos au quart de tour – et au début de pinte. Niveau public, BIG SPECIAL a attiré les quinquas a qui le punk manque depuis quelques années. SHITHOUSE, très attendue et pour laquelle ils invitent Zac Lawrence à les rejoindre, et THIS HERE AIN’T WATER font bien sûr mouche. Pour moi, BIG SPECIAL mérite d’avoir une démographie plus diverse. De la mère ouvrière à l’étudiant, tout le monde peut se retrouver dans les textes de BIG SPECIAL et dans leur énergie live. DESPERATE BREAKFAST en est une preuve, et est aussi efficace en live que dans mes attentes.

VRAIMENT GRAND ET SPECIAL

Complètement prise par BLACK DOG / WHITE HORSE à la portée émotionnelle et lyrique intense, je continue de naviguer dans le dense public. Ce sont ces instants de cette chanson, ainsi que MY SHAPE (BLOCKING THE LIGHT), BROADCAST: TIME AWAY, et MONGREL, qui ont le pouvoir de changer toute l’atmosphère de la salle. Du début à la fin, c’est du punk au blues à la poésie pure aux sons expérimentaux que BIG SPECIAL se confirme comme groupe phare de la scène musicale britannique actuelle. Faut-il vraiment leur mettre une étiquette ou les placer dans une boite ? Non. Ils sont eux.

L’ensemble de la foule repart satisfaite. Pour moi, quelques lumières blanches en plus pour mieux les voir aurait été parfait. Ça et, je dois l’admettre, une salle un poil plus grande… Car s’ils ont tout juste sorti leur premier album, il est certain que BIG SPECIAL a encore beaucoup de choses à dire. Si une salle intimiste leur va parfaitement, pour l’osmose qu’ils ont avec leur public. Mais pour moi, et pour voir leur public grandir, le Jazz Cafe est déjà trop petit… ou bien BIG SPECIAL est peut-être déjà trop grand. Dans tous les cas, ils vont faire bouger du monde !

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