Fin septembre, j’ai découvert la pièce Heretics à l’Union Theatre et son thème m’a intriguée. Retour sur ce spectacle aux multiples facettes.

Il faut savoir que cette version de la pièce est une lecture jouée. Heretics, écrit par Ellie Pyle et mise en scène par Mimi Collins, est proposé par Bespoke Plays. Leur mission est de proposer des lectures de nouvelles écritures pour tester le texte, voir ce qui marche et ce qui marche moins. C’est l’occasion de découvrir de nouveaux talents de l’industrie théâtrale. Et pour moi l’occasion d’être surprise par l’importance, à exploiter, de la musique dans ce texte précis.

L’histoire se déroule dans le sud de la France, pendant l’inquisition, au treizième siècle. On suit la vie de Magali, de sa vie juste avant son mariage à sa fin de vie. Magali rencontre Jacques, troubadour, le soir de son mariage (pas avec lui) et en tombe amoureuse. Il l’aura séduite avec quelques chansons de son cru. Si tout est en anglais ici, la langue d’origine de ces chansons est l’Occitan. Tout de suite je note le potentiel. C’est intriguant, mais leur véracité historique (certains étant simplement traduits de chants de l’époque) ne transmet pas toujours toute l’émotion que l’on aimerait comprendre dans ses vers. Le cast, en revanche, et script en main – car c’est une lecture, je le rappelle – arrive à le traduire.

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Donc, Jacques séduit Magali et – sans complètement spoil – s’ensuit une histoire d’amour portée par chansons et poèmes, mais fortement troublée par la religion et la morale. On sent l’envie de l’auteure de pousser la réflexion avec un prisme plus moderne. Mais les dates répétées et le vocabulaire précis bloquent un peu, en tout cas pour le moment. Le questionnement de Magali reste parfois très prenant. Plusieurs fois, je retrouve quelques thèmes abordés par des artistes actuelles comme Delilah Bon, Gen and the Degenerates, ou Scene Queen – la forme est vastement différente cela dit. Ce ne sont que des flashs, mais qui démontre l’ancrage profond de ces thèmes dans l’histoire des femmes. Liberté et émancipation, amour et créativité. L’écho est profond et j’aurais adoré voir leurs lignes dans le texte. Et pourquoi pas entendre Magali chanter elle-même ?

UN CAST À DÉCOUVRIR

Magali de Tyne Pearson, passionnée puis brisée, réfléchie et confiante, éblouie la scène. Jacques, interprété par Angus Maxwell, est à vif et lui répond parfaitement. Le duo n’est pas seul en scène. Geebs Marie Williams, dans le rôle de Rixende, montre un esprit caustique, tout en restant drôle et déchirante. Patrick McHugh, dans les rôles de Bertrand, le mari de Magali, et 2Bertrand, un cousin, ramène beaucoup d’émotions, de rire, de questionnement et de tendresse.

Aude Ponthieux brille ensuite dans un double rôle également. Elle est d’abord la mère de Magali, tendre, souriante, optimiste et vibrante, puis elle devient la mère supérieure dans le couvent que Magali fini par rejoindre. Là, on la découvre avec une grande prestance, changeant sa démarche juste assez pour dévoiler le conflit au cœur du personnage. Will Cox impressionne aussi avec le Conte de Toulouse, représentant parfaitement l’autorité à la colère explosive. Comme lui, Kaid Sherwood a été plus discret sur le premier acte, mais impérieux et saisissant dans son interprétation de Pierre Roger de Mirepoix.

Le travail de composition de Gabriel Burns est sobre, mais colle avec l’atmosphère historique de la pièce. Présenté ainsi, c’est évident que le texte connaitra d’autres versions. Il y a une forme de retenue qui serait intéressante d’éclater pour le texte, avec quelques coupes de détails qui ne servent pas l’histoire qui nous porte. Et quitte à être hérétique, pourquoi ne pas céder à la tentation de l’anachronisme pour les futures mise en scène ? Heretics est prometteur, surtout porté par ce très bel ensemble.

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:  HERETICS – GABRIEL BURNS

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