Quelques mots avec… tip stevens

Publié le 21 octobre 2024 par Unis Son @unissonmag

Quelques jours avant la sortie de son album The Secret Sessions, Tip Stevens à accepter de me rencontrer pour parler du projet, de la road to Olympia, de son parcours… Interview.

De ses cours de pianos désastreux à la composition en live sur Twitch, Tip Stevens a toujours fait de la musique avec les autres. Son concert à l’Empreinte vient de passer, son album est sorti, et donc la Road to Olympia a démarré. Je rembobine quelques jours avant tout ça, quand on a parlé de son parcours et de son état d’esprit.

FAIRE N’IMPORTE QUOI : LA RECETTE

Unis Son : Alors, pour les gens qui te découvre, commençons par la base. Comment tu t’es mis à la musique ?

Tip Stevens : C’est marrant parce que ça s’est fait en plusieurs fois quand j’étais vraiment tout petit. Mes parents m’ont fait faire du piano quand j’avais 5 ans. J’ai arrêté directement parce que je n’aimais pas ça du tout. J’ai repris plus tard, je devais avoir 12 ans, un truc comme ça, où j’ai un pote au collège qui m’a dit « j’ai une batterie, je fais de la batterie, tu ne veux pas, on monte un groupe ? » J’sais pas faire de musique… Il m’a dit « mon père, il a une guitare, tiens, comme ça tu t’entraînes. » J’ai recommencé, je l’ai demandé à mes parents plus tard, de mon plein gré. Moi, je veux bien apprendre, mais la guitare en fait.

Au début, je voulais faire de la batterie, mais finalement, c’était trop compliqué et mon pote faisait déjà de la batterie. Donc on a monté un groupe avec un pote, on faisait n’importe quoi, ça n’avait aucun sens. Je ne sais même pas si en réécoutant, ce serait audible, mais on a commencé par l’idée de monter un groupe avant même de savoir faire de la musique. J’ai, depuis gamin, appris la musique en jouant avec d’autres personnes. Et les cours, ça a été un truc à part, avec parcimonie. Il y a eu ce truc là au début où vraiment les parents disaient tiens, le piano, ça va être bien. J’ai give up, mais si vite, ça ne m’a pas du tout plu.

U.S. : La musique, ça, c’est un aspect de ton projet, mais un autre, important, c’est le stream. Comment tu t’es mis à faire de la musique en stream ?

T.S. : En vrai, de base, moi, je regarde Twitch. Même au-delà Twitch, à l’époque, ça s’appelait Justin TV. J’ai toujours consommé de fou cette plateforme. Depuis le tout début, le truc qui m’a vraiment fait regarder ça, c’était PomfEtThud sur Starcraft 2, où vraiment, c’était le début de l’esport et le début de gens qui montaient des chaînes YouTube à faire du commentaring d’esport.

Moi, depuis gamin, je fais que jouer aux jeux vidéo. Et j’ai découvert ce truc là. T’allais regarder des compètes sur des streams, sur Justin TV, puis Twitch qui a commencé à émerger. Ça s’est démocratisé. J’ai beaucoup consommé en tant que viewer et à chaque fois, je me dis c’est marrant : je pourrais faire de la musique sur Twitch – et après, je me dis : ouais, bah non. Et puis, il y a eu la catégorie musique qui a commencé à émerger. J’étais en mode : ah ouais, si, en fait, maintenant, ça commence à être légit, ça le fait. Sauf que je n’ai jamais trop osé me lancer jusqu’au jour où on répétait pour un très gros festival avec mon groupe. On était programmé à l’époque de Teacup Monster, au Download Festival et on se retrouvait à l’affiche.

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Je suis à côté, c’était les Foo Fighters et compagnie, on était en mode mais qu’est ce qu’on fout là? Et du coup, je me suis mis une déter à répéter tous les jours comme un débile et je me suis dit il faut qu’on soit à la hauteur du truc. Et à un moment, je répétais même tout seul, juste avec le playback de la batterie. Je me suis dit vas y, en fait, quitte à répéter tout seul, viens, je dis aux gens sur les réseaux, je vais streamer. Comme ça, au moins, je discute avec les gens pendant que je répète.

Ça a commencé comme ça, juste parce que j’avais envie de répéter, discuter avec les gens et c’était sans prétention. Et petit à petit, il a commencé à avoir de plus en plus de gens et à un moment, j’essaie de faire vraiment quelque chose et, allez, planning et je vais faire de la musique trois fois par semaine. Je me suis dit mais comment je vais occuper le stream, j’ai commencé à composer avec les gens, tenter des trucs, faire des covers, tenter des loops.

Mais au début, c’était un peu un accident parce que quand j’ai commencé à répéter, j’en avais rien à foutre, faire en sorte que ça marche ou pas. Ça a pris bien plus que ce que j’aurais imaginé et ça a pris une part de fou de ma vie, même mon projet musical. En fait, sans Twitch, il n’aurait pas vécu autant. C’est fou à quel point ça aide mon projet musical, la relation que ça crée avec les gens. Mais je ne l’ai pas pensé comme ça de base. J’ai été surpris par le phénomène. Je ne me suis pas forcé à aller sur Twitch. C’est la maison, quoi.

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U.S. : Tu l’as mentionné, tu jouais aux jeux vidéo avant et tu joues encore aux jeux vidéo maintenant et parfois en live. Donc c’est quoi tes jeux de cœur et tes BO, tes bandes originales cultes ?

T.S. : Je pense que le jeu auquel, maintenant, je n’y touche plus du tout, mais auquel j’ai le plus joué dans ma vie, c’est WoW (World of Warcraft). Et la BO, elle est immense. Je suis vraiment un joueur de Warcraft depuis gamin sur Warcraft 2 et tout ça, c’est un truc de cœur et après, dans les jeux plus récents, Cuphead. Ça a été un coup de cœur de fou niveau DA et la musique, je la trouve géniale, en plus, c’est une musique vraiment jouée en live par un groupe pour l’occasion. La BO, je la trouve folle.

Quand j’étais gamin, j’étais le dernier de la famille, j’avais mon grand frère qui jouait beaucoup à la Mega Drive. J’ai un truc de nostalgie dès que j’entends le moindre truc de BO des jeux de la Mega Drive, genre Streets of Rage ou Sonic. Ça s’entend un peu dans mon tout premier EP, Condor. J’y ai mis pas mal de sons 8bits et tout ça. Les sons de la Mega Drive, il y a un truc que je n’explique pas pourquoi, tous les jeux de cette époque-là, ça tape assez fort en moi.

U.S. : Est-ce que tu imaginerais un jour ta musique dans un jeu vidéo ? est-ce qu’il y a un jeu, une saga, tu dirais oui tout de suite si on te le proposait ?

T.S. : En vrai, c’est une vraie question, que je m’étais déjà posé. J’ai une approche de la musique où en fait, j’ai très peu pris de cours de musique, et je joue tout à l’oreille. J’ai déjà composé des trucs pour d’autres, pour des courts-métrages, parce que j’avais envie de savoir comment ça se passait. Je sais pas si je me sentirais à la hauteur de faire vraiment la BO d’un jeu. C’est un vrai taf et si tu joues tout, comme moi, à l’oreille, putain, mais tu dois mettre 6 000 ans de plus que les autres.

Je pense que je suis assez pertinent quand il s’agit de construire mon propre univers, mais essayer de trouver les bonnes notes, les bons mots pour exprimer l’univers de quelqu’un d’autre, je sais pas si je serais bon là-dedans. J’aurais trop peur de trop mettre ma patte à moi et que ça prenne le pas sur le jeu en question. Je pense que je préférerais, justement, un jeu que je connais pas. Pas un truc connu ou un univers que je connais trop, parce que j’aurais trop peur de trop y toucher et de pas bien le faire.

LA TRIBU : SURPRENANTE À CHAQUE FOIS

U.S. : T‘en parlais tout à l’heure : tu fais les traditionnels live musicaux du dimanche soir, il y a les live compo, et tu mets vachement la commu la tribuà participation. Comment est-ce que t’as construit la liste de chansons que tu proposes aux gens le dimanche ?

T.S. : Ça s’est fait au fur et à mesure. Le truc dont je te parlais tout à l’heure, on répétait les morceaux du groupe, et de temps en temps, en stream, il y a dû y avoir des trucs de : « Ah, venez, on fait une pause, je vous joue une cover ». Et petit à petit, il y a eu un pool de morceaux que je jouais souvent qui s’est créé.

C’est à l’époque où j’ai tenté aussi de faire un peu de covers sur ma chaîne YouTube, c’est un truc qui me plaît beaucoup moins, je garde ça que pour le live maintenant. Et petit à petit, on a étoffé, puis il y a eu des jours où on se disait « Qu’est-ce qu’on pourra prendre comme cover ? » Et en fait, cette liste-là, c’est que des morceaux, ça ne me déplaît pas de les jouer.

J’ai une hantise, que ce soit la liste des morceaux que t’es trop écouté, trop entendu partout, les gens te la demandent, tu la joues, et t’es en mode « Ouais, je la joue pour leur faire plaisir, mais je m’emmerde ». Des fois les gens m’ont fait découvrir des morceaux, et ça, c’est très chouette. Mais bien souvent, c’est des trucs que j’adore et où je sais que ça ne va pas me lasser.

U.S. : Souvent, quand tu fais tes lives le dimanche soir, tu te chauffes à te faire des loops. Tu mets 40 minutes, tu te perds un peu dans le truc, et c’est assez fascinant de voir le processus. Mais ce moment où tu te perds, est-ce que ça t’aide après pour tes compos à toi ?

T.S. : Je pense inconsciemment. Il y a des trucs vu que c’est carte blanche… Il y a plus de liberté que sur un concert. Le dimanche, quand je fais des loops, je tombe tout et n’importe quoi. Les gens savent que c’est aussi pour ça que je le fais. Et des fois, il peut y avoir des bonnes surprises.

Je sais qu’il y a certains compos qui sont partis d’une loop que j’ai lancée pour déconner. En mode, il y est pas mal ce riff. Des fois, je vais faire tel truc à la guitare, je l’utilise sur une loop. Puis la semaine d’après, je me rends compte que j’ai envie de le réutiliser, et puis je le peaufine un peu plus pour la loop. Plus ça va, plus j’ai envie d’aller vers ce son, j’ai envie de faire quelque chose avec.

Sugar Rush, c’est une loop de fin. C’était pas un stream de compo. Je pense à ça parce que j’ai mon monteur qui me prépare des vidéos à des résumés de mes streams compo, pour que je réacte et que je fasse une rétrospective. Et il m’a dit que Sugar Rush, en fait, c’est pas dans les live compo. C’était à la fin d’un vendredi où on faisait les cons et j’ai lancé une loop. J’ai lancé une loop et à la fin, je me suis dit attendez, je m’enregistre celle là parce qu’il y a un truc qui se passe.

U.S. : Et pour les live compo avec la commu, c’est quoi les limites que tu t’imposes ?

T.S. : Ça s’est fait avec le temps. Il y a eu toute la phase sur les premiers live compo où vraiment j’ai lancé en me disant comment je vais faire ça ? Est-ce que je vais être naturel ? Et est-ce qu’on va s’en sortir ? Est-ce que ça va être qualitatif ou est-ce que ça va être des compos un peu plus low tier parce que tu vas plus vite ?… Et en fait, pas du tout.

Au début, je faisais beaucoup plus participer les gens. Il a fallu tester les limites justement. Le truc qui me fascine, c’est quand on écrit les paroles ensemble avec les viewers, ça participe beaucoup et c’est hyper chouette. Après, sur le côté musique, j’ai beaucoup plus fermé le processus de collaboration avec les gens parce que d’une, je joue à l’oreille, donc j’ai pas forcément un langage où je peux m’exprimer sur les accords et tout ça. Et il y a un moment, il faut que ce soit ma musique, ça finit dans ma discographie, il faut que je m’approprie.

Je trouve que trouver les notes, trouver la mélodie, c’est plus composé en compagnie des viewers. Par contre, sur les paroles, je trouve qu’il y a un vrai truc où si j’arrive à bien expliquer, si on arrive à trouver un thème… Dans tous les cas, moi, je fais le filtre final. Le truc, c’est qu’il faut réussir à bien exprimer son idée auprès des viewers pour qu’ensuite, tout le monde mette son petit cerveau en ébullition pour aller au service de cette idée. C’est tout un taf d’essayer d’être clair dans ce que tu dis mais je trouve que ça fonctionne hyper bien.

Le nombre de fois où il me manque une phrase et je suis en train de me dire, je la trouve pas, je la trouve pas. Ça m’arrive à la maison quand j’écris les paroles, je bloque pendant mille ans. Et là, d’un coup, sur le chat, t’expliques qu’on cherche tel type de phrase qui va vouloir exprimer ça et ça, mais j’arrive pas à la trouver. D’un coup, quelqu’un te sort la phrase sur le chat et t’es là, bah oui, en fait.

C’est ce qui me surprend souvent le plus, c’est qu’on arrive à faire des trucs chouettes et j’arrive à garder le côté quand même très, très perso des paroles. Quand c’est trop deep, il y a certaines chansons où je peux pas. Il y a des trucs que je peux pas partager avec les gens. Mais même dans les trucs quand même un peu persos, t’arrives à échanger et à trouver des trucs qui te plaisent et que tu peux t’approprier derrière. Et sans te dire qu’on a fait des paroles en patchwork avec des phrases de tout le monde. Il y a un vrai taf de création. Je suis surpris à chaque fois.

U.S. : Il y a un attachement de la commu avec ces chansons-là qui se ressent, en mode « ouais, j’étais là » et généreux « ouais, tiens, on te donne ». Je trouve que l’attachement est très différent d’un musicien classique.

T.S. : Oui, c’est pour ça. Je trouve que c’est assez fou ce que tu peux créer quand t’as un projet musical en relation avec la communauté. Sauf que moi, c’était pas prévu de base. Mais du coup, il y a plein de gens maintenant, je me dis « pourquoi il n’y a pas plus de gens qui font leurs projets musicals en ayant Twitch comme réseau, comme façon de faire ? » C’est un truc tellement unique, ça me fume.

THE SECRET SESSIONS

U.S. : Tu as souvent dit en live que tu préférais faire des EPs aux albums. Alors pourquoi tu sors un album, maintenant ?

T.S. : En vrai, j’ai pas l’impression de sortir un album. C’est juste que j’avais pas envie de me brider au niveau du nombre de titres que j’allais sortir. Mais je vois ça différemment parce que c’est pas non plus un album avec plein de nouveaux titres. C’est une espèce de grande compile de versions plus intimistes, différentes, de titres déjà sortis. Je ne me voyais pas les sortir en plusieurs EPs.

En fait, le format EP, c’est vraiment pas un truc que j’ai pris juste parce que j’avais envie de me cantonner à ça. Peut-être qu’un jour, je vais sortir un album… C’est juste que, dans la phase où je lance mon projet solo, je ne sais pas quel style j’ai envie de faire. Et du coup, il y a un moment où je ne lance jamais mon projet solo. Je me dis, qu’est-ce que je vais faire ?

À un moment, j’ai un déclic : je fais tout ce que je veux en fait. Et j’ai pas envie de me mettre pendant trois ans sur le même mood, le même album, j’ai envie d’aller vite, de faire plein de trucs. Je sais que je suis très productif. Le format EP, c’est juste un exutoire pour le fait d’aller sortir plein de trucs vite. C’est vraiment un truc que je pourrais casser à tout moment.

Je crois que des titres, j’en ai gardé 13, pour The Secret Sessions. Donc dans tous les cas, c’est sûr que ça allait être un long format. J’ai sorti Animals Volume 1, je m’apprête à sortir Animals Volume 2. Après ça, je ne sais pas encore ce que je fais. Mais je m’oblige à ne pas savoir pour l’instant. Ça se trouve, je fais Animals Volume 3, je dis ça et je vais encore partir sur le truc direct. Et ça se trouve, je vais partir sur un album et je ne sais pas. Mais je trouve que c’est un vrai truc, ça. Des fois, tu annonces un concept comme ça, et tu te pièges dedans.

U.S. : Alors comment tu les as choisis les titres des Secret Sessions? Pourquoi plus Captain Overboard plutôt que Sugar Rush, par exemple?

T.S. : Justement, j’ai un onglet ouvert avec les Secret Sessions dessus. Il y en a combien? … 23 ! J’avais tout listé et en fait, ils sont tous passés un peu en phase de test. Et ceux que j’ai gardé, c’est ceux qui rendaient le mieux.

Par exemple, Sugar Rush, c’est un de mes morceaux les plus écoutés. J’aurais pu me dire, il faut absolument qu’il ait sa version. Et en fait, dans tous les essais, la version de Sugar Rush, à chaque fois je trouvais que c’est bien, mais sans plus. Après, il y a d’autres exemples de morceaux. Right On Time, sur Quetzal, est déjà un peu acoustique. Je l’ai quasiment tout enregistré, des choeurs, des basses, un alto et tout ça. Au dernier moment, j’étais en mode, c’est hyper proche de la version originale. C’est quoi l’intérêt ?

Il y a des morceaux aussi que j’ai enlevés comme ça. C’est une anecdote que je racontais en concert, en acoustique. Je présentais Stay In Your Cage. C’est l’exemple typique de, vu la version électrique qui est ultra vénère, jamais de la vie, on en fait un truc acoustique. Et tu sais pas pourquoi, il y a un truc qui se passe.

C’était mon unique boussole quand j’ai fait ça. J’ai essayé de tout considérer, de tout faire. Et je me suis fait surprendre moi-même par des versions de morceaux où des fois, j’y croyais pas du tout.

ROAD TO OLYMPIA

U.S. : Donc t’as l’album qui sort maintenant, t’as un concert à L’Empreinte, tu vas faire cinq EPs en un an. Et tout ça, c’est la Road to Olympia, qui est un an et un mois. C‘est un vrai défi que tu te lances. Comment tu te sens ?

T.S. : En vrai, ça va. Il y a eu un énorme taf de préparation et de considération de tout ça avant de se lancer dedans. Ça n’empêche pas que là, je m’engage dans une année qui va être vraiment hardcore pour moi. Mais je sais dans quoi je m’engage.

Les gens sont adorables, même dans mon entourage. Ils me disent « Tu vas pas non plus te cramer cette année-là et sortir de là en mode full dépression, burnout. » Mais en vrai, ça va. Je sais que je ne vais pas en faire mille des années comme ça et je sais la dose de travail qui m’attend. J’ai un tempérament qui suis très friand de ce truc-là. Je suis hyper productif et je ne me fais pas du tout terrasser par le fait d’avoir dix mille trucs à faire.

J’étais le genre de gamin, forcément, quand il fallait rendre un devoir à l’école, je le faisais la veille au dernier moment. Quand je me mettais en mode urgence et il faut le faire, j’y arrivais. Le sentiment d’urgence, je ne sais pas pourquoi, c’est un truc où je suis bien dedans et j’aime beaucoup. Donc là, j’ai essayé de le penser quand même intelligemment. Parce que j’ai quand même des partenaires, notamment Floral Records. Je ne peux pas mettre tout le monde dans la sauce parce que j’ai pris du retard.

Il y a un truc qui est trop cool, c’est de ne pas faire le même pattern que font beaucoup d’artistes. Ils font un album, l’album est limite prêt un an à l’avance. Puis après, ils commencent à tourner des trucs, bosser avec leur attaché de presse, la com et tout ça. Au moment où ils sont en train de vivre avec les gens qui écoutent pour la première fois cet album, dans leur tête, ils sont déjà sur autre chose.

On aura toujours ça quand on est artiste. Là, bon, c’est difficile parce que du coup, les timings sont hyper serrés, mais je trouve ça trop chouette. Il y a deux jours, j’ai enregistré des chants en stream pour un EP qui va sortir dans un mois, un truc comme ça. Et en fait, c’est trop bien. C’est des temporalités où c’est rare de les avoir comme ça.

Tout le monde me disait en stream compo « ce qu’on a composé aujourd’hui, quand est-ce que ça sort ? » Et je leur disais, attendez, le temps qu’on sélectionne pour faire un EP, qu’on arrive au bout de la compo, ce sera au moins dans plus d’un an. Et là, pour la première fois, il y a quand même un truc de temporalité qui est trop intéressant.

Donc à la fois, je me sens quand même pas serein, surtout parce que ça met la pression. Je suis persuadé que l’Olympia, si je prends l’envergure de mon projet maintenant, à ce moment donné, je n’ai pas la capacité de le remplir. Vraiment, je pense sincèrement. Je pense qu’on peut quand même. On a rempli une Cigale l’année dernière et… c’est le double, c’est un vrai défi. Je pense que c’est hyper long de vraiment remplir les 2000, 3000 places.

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Le fait de te dire que si tu te bouges pas cette année avec la sortie des cinq EPs et tout ça, l’Olympia ne va pas se remplir… Il y a un vrai truc. Moi j’adore. C’est hyper galvanisant. Tu as toujours un truc à faire. Et je pense que mon année, elle va passer très très très très très vite avec le nombre de choses que j’ai à produire. Je suis un peu câblé pour ça, c’est cool. Je peux comprendre que des fois tu as des trucs de pression où j’arrive pas à bosser normalement, il y a trop de pression derrière, trop d’enjeux.

Mais je sais pas pourquoi, moi c’est un truc que j’adore. Je suis également conscient du fait que des années comme ça, j’en ferais pas tout le temps. Il y a un moment j’ai dit à toute mon équipe, à la fin, une fois que l’Olympia est passé, vous me ligotez ! Vous m’obligez à me reposer parce que je vais vous dire « attendez, j’ai encore des idées ». Non, non, non, ça va être important de se retrouver. Je trouverais ça cool de me retrouver devant le fait accompli. Fin de l’Olympia, ok. Maintenant, qu’est ce qu’on fait? Plutôt que d’avoir systématiquement deux ans de plans prévus dans ta tête. C’est quoi l’envie du moment en fait? Est ce que vraiment tu as envie de continuer à sortir des EP? Ça se trouve, oui. Est ce que tu as envie de sortir un album? Aucune idée. On verra.

U.S. : Et est ce que tu as tu aurais envie de venir faire des concerts au Royaume-Uni, à Londres par exemple, comme tu chantes en anglais ?

T.S. : J’ai fait qu’écouter des musiques anglo saxonnes de toute ma vie. C’est pour ça que je chante en anglais aussi. J’ai essayé de chanter en français pendant une période de ma vie. Et le pire, c’est que les gens me disaient ouais, c’est cool, ça rend bien. Et en fait, moi, ça m’amuse pas du tout. Donc j’ai vraiment un amour pour ça et j’ai toujours ce truc de est-ce que je suis vraiment à la hauteur ? Est-ce que mon niveau d’anglais, mon accent, tout ça, la qualité de mon propos, de mes paroles, est-ce que c’est à la hauteur du public dont c’est la langue maternelle ?

J’aurais plus la peur de me dire mais si je vais jouer là bas de qu’est ce qu’ils vont se dire ? Ça me ferait trop plaisir justement de jouer dans un pays anglo-saxon. Mais ouais, il y a un vrai truc de légitimité où je me pose beaucoup de questions. Le pire, c’est qu’à chaque fois que j’ai discuté avec des gens qui étaient l’anglais était leur langue maternelle, ils disent « au contraire, même s’il y a un peu d’accent frenchie, c’est exotique, c’est rigolo ». Ils aiment bien mais ça n’empêchera pas que moi j’ai un truc de légitimité que je me pose.

Crois-moi, je bosse énormément. Mon accent et toutes mes paroles, je les fait voir par quelqu’un en Australie. Là, je suis en train de faire des échanges sur Discord sans arrêt avec quelqu’un qui me dit « Ah, sur cette version là, là on comprend moins ce que tu dis ». Et je retourne au studio, je ré-enregistre juste pour changer et qu’il me dise « là c’est legit, c’est ok quoi ». Je me prends vraiment beaucoup la tête là dessus. Forcément, il y a un peu le truc de si tu joues devant des gens anglo saxons, c’est un peu la consécration du truc. C’est en mode le verdict final de tout ce que tu as fait avant et après. Encore une fois, ça se trouve, je me prends la tête pour pas grand chose. Ils sont en mode cool.

U.S. : On arrive à la fin, et c’est une question que je pose à tout le monde. C’est quoi ton premier souvenir musical ?

T.S. : Ouais… Je pense que ça doit être vraiment le piano dans l’entrée de la maison quand on était gamins. Avec mon grand frère et ma sœur aussi. Ils ont eu des cours de piano avec un prof. Puis moi on m’a fait faire du piano quand j’avais cinq ans, voir si j’aimais bien. On m’a pas obligé non plus plus que ça. Mais il y avait un piano dans l’entrée qui était un peu à moitié désaccordé et il était toujours là.

Et moi j’aimais bien quand même aller taper deux ou trois notes. Mais c’est vraiment le côté cours de piano. Venir et faire le un, deux, trois. On m’a dit « On va commencer à appeler ça avec des notes ». Non, non, non, non, mais un, deux, trois, c’est vachement bien en fait… Mais par contre, l’instrument même, j’aimais bien. Et de temps en temps arriver dans l’entrée et taper sur le piano, ça sortait un son. Je pense que c’est vraiment mon premier souvenir musical.

Merci encore à Tip pour son temps et sa participation, et à Camille et Alice pour l’organisation. Si la Road to Olympia est encore longue, elle sera, je l’espère, une superbe année pour Tip Stevens. Gardez l’œil, on reparlera de lui sur le blog, sans aucun doute !


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