Quelques mots avec… spelim

À peine de retour d’un concert en Corse, Spelim m’a accordé de son temps pour parler de son premier album, In Art We Trust. Un échange généreux à découvrir tout de suite !

Unis Son : Sautons dans le vif du sujet ! Ton album, In Art We Trust, c’est une déclaration d’amour à tous les arts. J’ai trouvé que dedans tu avais beaucoup d’influences de beaucoup de genres différents.

Spelim : Ouais, carrément.

US : Tu as de la pop, du reggae, de l’électro, des influences un peu rock aussi. Des influences très visuelles, parfois contemplatives. Y a-t-il des artistes particuliers, en musique ou en art visuels, qui t’ont inspiré ? Comment as-tu conçu ton album ?

Spelim : Alors, j’ai pas mal d’artistes effectivement qui m’ont influencé. Mais pas directement, plutôt indirectement. Parce que je me suis pas dit je veux ressembler à ça. Des artistes j’en ai beaucoup, mais c’est compliqué de donner des noms vraiment. C’est toute ma culture qui m’a amené là. Je suis assez fan d’arts visuels en général, de street art notamment. Je bosse avec un artiste qui s’appelle Rino et son pote Cofee. On fait pas mal de choses ensemble. Des influences musicales, j’en ai énormément et des influences visuelles aussi. Je suis quand même vachement dans ce qui est art contemporain et pop culture quoi. Donc des choses très colorées et tout. J’ai une très mauvaise culture en art “classique” disons. Mais je suis quand même de tout le travail de Armand. De Klein aussi. J’aime beaucoup. On était à la fondation Louis Vuitton avec ma femme il y a deux semaines, voir une expo sur la pop culture qui est incroyable.

US : Pour rebondir sur ce que tu disais, tu as l’impression de ne pas avoir de culture classique, mais tu nommes quand même Klein. C’est un nom assez “classique” en art moderne, non ?

Spelim : Oui, oui, c’est de l’art moderne. Mais je suis pas hyper calé sur tout le romantique. Tous ces trucs là je connais pas bien. Je suis scotché quand je suis devant des tableaux hyper stylés. Mais j’ai pas la culture de tout ça. Pour être complètement honnête, je fais les choses pas mal au feeling. Que ce soit la musique ou le visuel. Je me donne des possibilités. J’ai un outil chez moi qui est mon garage. Par exemple on a fait la pochette de l’album dedans. C’est une anamorphose. Ce truc là c’est du feeling. J’ai l’avantage d’avoir cette possibilité là, d’avoir une idée et d’essayer direct. Et les clips qu’on a faits ont tous été faits là. Et c’est ce qui est excitant. C’est à dire que j’pars du principe que toutes les idées sont faisables.

Spelim

US : On parle de feeling, et justement, il y a quelque chose de très humaniste, et donc de fondamentalement politique, dans cet album. Comment est-ce que tu le place dans le climat actuel, qui est ce qu’il est ? Pour moi c’était un peu un médicament. Est-ce que tu l’as vu comme ça pendant la création ?

Spelim : Carrément. Je fais ça parce que ça m’éclate et ça me fait du bien. Je me suis fait une promesse, qui est de la musique c’est pour le plaisir. Oui je gagne ma vie avec ça. Mais si je ne trouve plus de plaisir et ça ne fait plus de bien je ne le fais pas en fait. Je trouverai un autre métier. C’est ridicule de faire de la musique pour autre chose que pour le plaisir ! De la musique ou de l’art en général. Pour le plaisir ou pour son propre bien. Il y a des gens qui font ça. Ça ne leur fait pas forcément plaisir de le faire mais ça leur fait du bien. Et moi, ça me fait plaisir de le faire en plus que ça.

Mais effectivement, pour moi c’est un médicament de ouf ! C’est ce truc un peu invisible là qui est un médicament. Et en plus on a la chance de faire des trucs qui sont partageables. De pouvoir fournir un peu de plaisir aux gens qui ont envie de le prendre. C’est trop cool ! Après politiquement parlant effectivement ça résonne. D’autant plus avec ce qui se passe aux États-Unis. J’ai appelé mon album In Art We Trust en réponse à “In God We Trust”. Et en ce moment, ça me fait presque rire ! C’est le pied de nez, je le pensais pas à ce point là ! Ça me faisait marrer au début parce que je trouvais ça rigolo. Mais là en fait ça prend une ampleur… L’image est encore plus fun, même si c’est blasant tout ce qui se passe.

En écoute : Pirate Society

US : D‘ailleurs, Pirate Society est plutôt critique, So Far est beaucoup plus poétique, Daemon parle de nos démons intérieurs, les forces les faiblesses. On a dit que tu fonctionnais au feeling. Mais est-ce que tu avais des thèmes qui revenaient à toi régulièrement pendant la création ?

Spelim : Les chansons viennent un peu à moi… je ne sais pas comment l’expliquer. Ce n’est pas quelque chose où je me dis tiens je vais parler de ça. Ça vient un peu tout seul. Je parle que des choses qui me touchent déjà. Il y a des périodes de doute, je parle de ça. De comment je vis avec ça. Comment je m’en sors. Par exemple, avec une séparation amicale qui m’a fait vraiment beaucoup de peine, parce qu’un peu brutale, j’en parle sur So Far. Je n’explique pas forcément que c’est une séparation amicale dedans. J’explique juste qu’il y a une distance qui se prend avec quelqu’un. Après chacun le prend comme il veut. Pour moi ça veut dire ce que j’entends.

Mais je ne me fais pas une liste de sujets avant. Un peu comme tout l’image et tout le visuel, c’est pas hyper conscient. Plus étrangement, je fais de la musique, sans écrire dessus, et je n’ai pas trop d’idées de thèmes. J’en parle à ma meuf et je lui demande “toi, ça te fait penser à quoi ?”. Et elle me guide sur un truc. Ça m’amène à autre chose. Peut-être pas forcément ce qu’elle m’a dit de base. Mais il y a des trucs où ça rebondit. Je trouve le sens sur un truc qui n’en avait pas forcément au début.

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US : Tu dis c’est en partie inconscient. Est-ce que du coup l’Art c’est Dieu ? C’est quoi la place de la spiritualité dans ton processus ?

Spelim : Dans ma manière de faire la musique je pense, ouais, effectivement. Pour aller plus loin, depuis que je suis tout petit, je pense que je n’ai pas de spirit. Je n’ai pas de croyance envers un dieu en particulier. En fait, j’ai toujours eu vraiment foi en l’être humain. C’est toujours mon point de vue. Et l’art est rituel pour moi. On fait tous un petit bout d’art en fait. Il n’y a pas vraiment d’artistes sur cette planète. On fait tous un petit bout de machin. On crée tous notre petit truc. Même si c’est un truc de rien du tout. Tout le monde fait quelque chose. Peu importe ce que tu penses. Ce truc là aussi qui me plaît un peu. Donc ouais, il y a une spiritualité un peu là dedans. Qui est la mienne et qui m’est propre. Même si ça reste très puéril peut-être en vrai.

US : Mais, ça fait du bien d’avoir du puéril aussi, non ? C’est ce qu’on disait, ça fait du bien à nos enfants intérieurs en fait…

Spelim : Ouais grave ! Carrément ! J’ai un morceau qui s’appelle We Are Children.

US : Ouais ! Et, d‘ailleurs, tu fais de la musique qui est très feel good, comme sur ce titre. Mais tu n’ignores pas vraiment les moments sombres. Les moments d’éloignement, ruptures amicales, les choses qui peuvent être très douloureuses. Comment tu as géré l’équilibre entre le feel-good et le moins feel-good ? Tu en avais conscience ?

Spelim : Alors, ouais un peu. Je me suis un peu forcé à parler des choses qui n’allaient pas forcément. Parce que c’est moins naturel pour moi de le faire. Je pense que ça, c’est ma personnalité globale. Même si je suis quand même quelqu’un de très lisible. Les jours où ça apparaît il n’y a aucun doute, tout le monde est au courant. Mais j’ai quand même du mal à transformer tout ça en musique, parce que j’ai tendance à avoir envie de faire des trucs fun dans mon studio. Et je me suis rendu compte, en m’obligeant un peu à le faire aussi, que ça pouvait avoir un côté fun de faire des trucs tristes. Au final j’ai trouvé un plaisir à faire ça. Et même à travailler les interprétations un peu différemment aussi.

En écoute : We Are Children

US : Et alors, c’est quoi la suite, après la sortie de l’album ?

Spelim : J’ai déjà commencé à écrire de nouveaux titres. Il y a surtout pas mal de dates qui vont arriver. J’ai déjà une trentaine de dates là, pour 2025, principalement sur l’été, en festival, et tout. Et après, des clips, des images. On va tourner un peu, dans mon garage. On va faire des nouveaux trucs.

US : On arrive à la dernière question ! Quel est ton premier souvenir musical ?

Spelim : Mon premier souvenir musical ? Alors c’est marrant parce que c’est un souvenir que je n’ai jamais su si c’était quelque chose qui était dans ma tête, ou qui c’était créé parce qu’on me l’avait raconté. Tu sais il y a des souvenirs comme ça. Tu as des images en tête mais tu ne t’es pas sûr. Et en fait, je suis né avec une malformation aux yeux. Ça se voit, j’ai une gueule chelou. Je n’avais pas de muscles dans les paupières et on m’a pris des muscles dans la jambe pour me les greffé dans les yeux, ce qui me fait la gueule que j’ai à l’heure actuelle.

Tout petit, vraiment tout petit, mon frère jouait du piano et ma soeur aussi. Pas très bien d’ailleurs, mais ils jouaient quand même. J’ai un souvenir d’être sur les genoux de mon frère, lui en train de jouer du piano, et moi tapoter dessus comme un con. C’est le premier souvenir que j’ai avec la musique. Après, j’en ai des centaines qui vont de vraiment tout petit… De l’âge de mes 10 à 15-16 ans, j’ai passé énormément de temps sur un piano chez moi aussi. Mais celui-là j’aime bien.

Merci beaucoup à Spelim pour son temps et sa générosité, ainsi qu’à Cassandre pour l’organisation. Spelim sera donc en tournée en France cette année – plus d’infos ici.


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📷:  SPELIM
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