Babygrande/Module
Sortie : Juillet 2009
On entend d'ici certains adorateurs du Wu-Tang grincer des dents à l'annonce d'un nouvel album solo de la "brebis galeuse" du Clan new-yorkais. Nous-mêmes avons eu une légère crispation de la mâchoire à la vue de la pochette du disque au design racoleur (un remaniement du sigle Wu sur fond de champs de pavot). Or une seule écoute aura suffi pour nous faire rengainer nos préjugés.
Honte à nous d'avoir jugé trop vite cet album ! Ceci dit, on avait quelques bonnes raisons de faire un peu la grimace... car de tous les membres du Wu-Tang Clan, U-God n'est ni le plus populaire, ni le plus talentueux. À l'instar de Masta Killa et Inspectah Deck, U-God est d'ailleurs toujours apparu comme un ''second couteau" du Wu-Tang, un genre de faire-valoir comparé aux chefs de bande charismatiques que sont RZA, Method Man, Ghostface ou ODB (RIP). Par ailleurs, il fut également l'un des derniers du crew à sortir son premier album solo, Golden Arms Redemption (en 1999), et avait fini par énerver tout le monde avec son deuxième opus détestable et en rupture totale avec le Clan, Mr Xcitement, sorti en 2005.
Aussi, bien que le rappeur soit indéniablement doté d'un organe (vocal, j'entends) puissant, rocailleux et reconnaissable entre 1000, c'est donc avec un a priori légitime que l'on a abordé cette troisième galette. MEA CULPA ! L'histoire nous a maintes fois enseigné qu'il n'était jamais bon de s'enfermer dans des préjugés, et nous en offre une nouvelle preuve flagrante.
L'humeur est d'ailleurs à la réconciliation, comme le montre la liste d'invités : Ghostface, Raekwon, Killah Priest, Method Man, GZA, pour ne citer que les membres de la fine équipe du Wu, à laquelle vient s'ajouter quelques autres noms alléchants, tels que Cappadonna, Jim Jones, Sheek Louch de D-Block, Slaine de La Coka Nostra, ou encore l'ancien producteur renommé des Main Source, Large Professor, et sans oublier son vieux "partner in crime", Leathaface, bien sûr.
Aussi, dès les premiers morceaux,Dopium met en confiance en exhibant notamment des productions signées Teddy Ted et J. Serbe, s'il vous plaît ! Que du beau monde, donc, et du bon son à foison.
La première moitié de l'opus affiche une profusion de beats abrasifs et de samples de cuivres qui rappellent indéniablement la patte de RZA et les productions du gang de Brooklyn d'il y a 10 ans ; une stratégie franchement convaincante, il faut bien admettre ("Coke", avec Raekwon et Slaine, en est le parfait exemple en s'appuyant de tout son poids sur des vibes vintage).
Les trois derniers morceaux dérapent du côté électro en offrant des remixes techno/house de "Stomp Da Roach", "Dopium" et "Hips", revus et corrigés par des artistes 'en vogue' du moment ; Yuksek, Bloody Beetroots et Felix Cartel... des morceaux qui ne feront sûrement pas l'unanimité, mais que, personnellement, je ne trouve pas du tout déplaisants.
Dopium a donc de quoi vous réconcilier avec U-God ... enfin !