Jerusalaam Come
Big Dada/Pias
Sortie : Août 2009
«Si vous n’êtes pas intéressés par le hip-hop, le funk crade, les MCs qui ont des choses à dire, les textes intelligents, les idées originales et le rap ‘différent’, alors ce disque n’est pas fait pour vous !», annonce d’emblée le topo promo livré avec le skeud de Juice Aleem. Aiguisant son flow sur des sujets pertinents (la société, la religion, les modes de vie..), le rappeur anglais nous envoie un album brut et sophistiqué en pleine poire.
Ce n’est pas dû à une pénurie d’inspiration ou de compétences que le rappeur de Birmingham, Aleem Edmead (alias, Juice Aleem), a mis plus de 20 ans pour sortir un album solo. Le MC a prouvé depuis longtemps ses talents de parolier via les groupes New Flesh, Gamma (des collectifs hip-hop qui combinent les sons futuristes avec leur patrimoine jamaïcain), et a également ajouté son grain de sel aux prods de Coldcut, Hextstatic, Evil 9 et Adam Freedland, entre autres.
Contrairement aux rappeurs bling-bling uniquement préoccupés par les futilités de l’existence, Juice Aleem fait partie d’une certaine «scène hip-hop» encore authentique, créative et génératrice d’un «rap conscient».
Produit par Blackitude (Gamma/Shadowless), Jerusalaam Come se penche sur les déviances de la société contemporaine en même temps qu’il se plonge profondément dans le passé. Le titre électro-dub, “Straight Out of BC” (feat. Cipher Jewels de Moorish Delta), utilise des images bibliques pour jeter un regard sur le présent, et “Church of Rock” met en lumière le thème divin, sans toutefois apporter forcément de réponses définitives. Sur une note un peu stridente, Aleem dénonce aussi le mercantilisme de notre société et taille un short sur mesure au «rap business» avec “KunteKinteTarrDiss”. Aleem a clairement les boules, et expose le fond sa pensée d’un flow clair et décidé.
Né à Birmingham d’une mère jamaïcaine et d’un père de Trinité-et-Tobago, le rappeur ne se gêne d’ailleurs pas non plus pour mêler différents styles musicaux ; hip-hop, dub, funk, roots, électro… ça part dans tous les sens pour former un tout cohérent ; un vrai travail d’orfèvre !
Juice Aleem a mis toutes ses tripes, sa réflexion et sa passion au service de ces treize titres aux beats variés et influences musicales éclectiques.
Un disque que l’on applaudit à deux mains.