Ze Records 1979-2009
Strut
Sortie : Août 2009
Décrit (en 1982) par le magazine The Face comme ”le label le plus ‘fashionable’ du monde”, le label New-Yorkais, ZE Records, fondé en 1979 par un étudiant français (Michel Esteban) et un journaliste britannique (Michael Zilkha), a tiré son épingle du jeu grâce à un catalogue éclectique principalement axé autour de productions post-punk/trash-disco brûlantes et ultra pointues. Cette compilation passe en revue 30 ans de leur flair musical.
Dans le New-York de l’époque (un melting-pot bouillonnant, mêlant post-punk déjanté à la Taxi Driver, disco crasseuse et grooves de funk moite à la Shaft), ZE Records faisait le lien entre les vibes de la Factory et de la Motown, entre la culture club, la disco mutante et la no wave de ‘déglingos’.
Mu par une soif inextinguible de découverte et une réelle passion pour la Musique, le label ouvrira ses portes à des musiciens exceptionnels mais alors inconnus. Le producteur et guitariste de session, Bob Blank, campe d’ailleurs aux studios et enregistre tous les artistes (d’illustres inconnus) qui, passant dans les parages, ont vu de la lumière et sont entrés.
Outre son aptitude à capturer toute cette agitation artistique, le label mérite donc amplement une place dans l’histoire de la musique, ne serait-ce que pour avoir eu le flair de signer le légendaire duo (aux synthés ultra torturés), Suicide, et avoir sorti le premier album solo de son chanteur, Alan Vega.
La compilation ZE 30 contient d’ailleurs deux titres absolument essentiels de ces artistes ; le hit rockabilly synthétique, “Jukebox Babe”, d’Alan Vega (si le titre de la chanson ne vous dit rien, il est toutefois à peu près sûr qu’avant la dixième seconde du morceau vous vous frappiez le front en vous exclamant ; «Mais c’est bien sûr! Je connais ce truc! Une vraie tuerie!!»… ou un truc dans le genre), et l’hyper entraînant “Dream Baby Dream” de Suicide, où Vega croone pendant 6 minutes sur fond de beats organiques et de synthés analogues anguleux.
Outre ses deux perles, Ze Records 1979-2009 recense bien d’autres hits de figures incontournables de cette époque, tel que “Something Wrong In Paradise” d’August Darnell, alias Kid Creole (& the Coconuts), dans lequel ce dernier fustige la corruption des leaders caribéens sur fond de rythmes pan-tropical ensoleillés, le titre punky (annonçant les balbutiements de la house) basé sur le hit de Sonny & Cher, “The Beat Goes On”, de Casino Music, le groove monstrueux de “Bustin’ Out” du groupe Material (orné des vocaux insensés de Nona Hendrix - l’ex chanteuse du groupe, Labelle), la bizarrerie inclassable, “Re Bop Electronic”, de Marie Et Les Garçons, “Deputy Of Love” de Don Armando du groupe Second Avenue Rhumba Band, “Hard-Boiled Babe” de Lizzy Mercier Descloux… et la liste s’allonge.
Bref. La compilation regorge de pépites poussiéreuses… et toujours aussi précieuses.