Ballaké Sissoko et Vincent Ségal

Publié le 02 octobre 2009 par Zikaddict

Chamber Music


No Format/Mad Minute Music
Sortie : Octobre 2009

L’album, Chamber Music, de Ballaké Sissoko et Vincent Ségal, est de ces petites merveilles que l’on ne trouve que rarement sur son chemin. Des notes que l’on décroche comme des flocons de neige d’un grand arbre argenté. Des notes, oui, que l’on cueille sur la pointe des pieds, comme des cerises, peut-être, ou la plus haute mûre, si lourde, qu’elle pourrait tomber si le vent soufflait.

Parfois, ce ne sont que de petits pas que l’on entend danser un peu au creux de la poussière des chemins : on attend, un peu inquiet, un peu surpris, que les pas se rapprochent. Des petits pas légers, dansant un peu, volant contre un air qui les porte. Et puis, niché dans ces notes délicates, un enfant nous tendrait son panier de fruits.
Bien sûr, cet enfant en aurait sur tout le visage, les joues, les lèvres, le front même! On recevrait tout cela mal à l’aise, comme des adultes. Et puis finalement, on y replongerait, dans cette féérie d’accords, dans cet égrenage de sons, de cordes frottées ou pincées, de ces souffles de vent frais dans les jardins de la Princesse.
Graines, graines à graines, sur un fil solide, elles sont enfilées avec patience par des mains tannées de femme avant d’être portées fièrement à la première occasion.
On les sent, ces pépites, glisser les unes contre les autres, être tissées dans nos oreilles que l’on trouve soudain bien bêtes d’écouter autre chose que ces mystères qu’on nous révèle avec tendresse, dans un soir commun que seul ce qui se trame rend précieux.
Des souffles, des bruissements de mains nous accompagne sur “Houdesti” : nous voici entrés dans l’ailleurs.
La vieille, vieille histoire que nous raconte Chamber Music participe de cette magie blanche qui, par instant, nous offre un aperçu de ce qu’on peut espérer : quelque chose d’exquis, quelque chose de tendre et solide, ce petit on ne sait quoi qu’au fil du temps, les lignes de métro et les ambitieux nous font oublier. Vous savez, quand les gens écoutaient les oiseaux chanter dans les matins de nos rêves? Quand on espérait, quand on attendait, ou quand on n’attendait rien, les pieds dans l’eau ou ailleurs…
On ne sait plus grand chose, après Chamber Music ; et c’est plutôt chouette, on se dit, de ne pas savoir grand chose.
Alors, après “Mako Mady”, on écoute à nouveau Chamber Music. On entre à nouveau dans le pays où l’on peut cueillir des notes argentées, écouter l’air jouer dans les bijoux des princesses.