Can’t Stop Us
Makafresh
Sortie : Septembre 2009
Lorsqu’on est la progéniture d’une légende du reggae (en l’occurrence, Lee “Scratch” Perry), que l’on a baigné depuis sa plus tendre enfance dans un environnement musical luxuriant et que l’on a fréquenté dès sa prime jeunesse les plus grands artistes reggae jamaïcains, on ne s’étonne pas d’être prédestiné à consacrer sa vie à la musique. Mais encore faut-il tracer son propre chemin… ce qu’Omar Perry réussit à faire avec brio.
Le deuxième rejeton de Lee “Scratch” Perry, Mark Anthony Perry (alias Omar Perry) a fait ses premiers pas dans l’industrie de la musique à la fin des années 80 (à l’époque où son père, absent, vivait en Angleterre) en formant le groupe éphémère, the Upsetter Juniors.
Au milieu des années 90, Omar Perry gagne ses galons en tant qu’«ingé son» aux studios de Boris Gardner et Junior Reid à Kingston, puis s’installe un certain temps en Gambie où il se met à présenter une émission de reggae sur l’une des radios nationales, avant de participer à une tournée d’Horace Andy au cours de laquelle il rencontre le Homegrown Band («baking band» français qui opère depuis une dizaine d’années pour de nombreux artistes reggae)…
Cette rencontre humaine et artistique, marquera un tournant décisif dans la vie/carrière de Perry, puisque le combo de musiciens, mesurant l’énorme potentiel du rastaman, décide alors de travailler à la production de son premier album, Man Free (sorti en 2007), réalisé sous la houlette de Guillaume “Stepper” Briard.
C’est de nouveau secondé du Homegrown Band qu’Omar Perry sort aujourd’hui son deuxième album, Can’t Stop Us, sorti sur Makafresh (filière du label, Makasound).
Alors que l’album Man Free avait un son organique (bien que contemporain) et incluait des titres «hard dancehall», l’ambiance et les vibes générales de ce nouvel opus se situent d’avantage dans le style rétro des seventies.
Le morceau d’ouverture, “We Wah”, affiche d’ailleurs un swing fichtrement addictif sur lequel Perry yodel comme Bob Marley (ce fut d’ailleurs son père qui initia Marley à cette technique, en s’appuyant sur les travaux de Joe Higgs).
Bien qu’Omar ait eu une relation tumultueuse avec son père dans le passé, il renoue désormais délibérément avec le style de son paternel sur plusieurs chansons. Il effectue d’ailleurs une reprise du titre “Beat Down Babylon”, du protégé de son père, Junior Byles, et reprend également l’un des plus célèbres beats de Scratch (”I Chase The Devil”) pour rehausser dignement l’hymne écolo, “Save The Earth”, qui se plaint de «too much technology»..
Loin de coller à un seul style de musique, les titres de Perry sont aussi l’occasion de véhiculer des messages conscients et réfléchis.
Ainsi, “911 Memorial”, aux beats Nyabinghi «tam-bourinant», nous rappelle la catastrophe du World Trade Center via le discours pacifiste d’un enfant, et “Right Right Left” est un hymne dancehall dont le rythme militaire évoquant un «état d’urgence», est inspiré du titre, “The Mission”, de Baby G.
Bref. Ce second effort d’Omar Perry vaut carrément le détour, voire l’escale prolongée.