Ziskakan

Publié le 18 octobre 2009 par Zikaddict

Madagascar


Association Group Ziskakan/L’Autre Distribution
Sortie : Octobre 2009

Des guitares solides, un coeur grand comme ça et une voix qui ne parle qu’à vous. Quelque chose des rivières malgaches bruisse dans cet album dont on n’espère qu’une chose : voir un jour cette formidable énergie se déployer en live, sur un bout de terre où l’herbe serait grasse et où brouteraient quelques chèvres efflanquées… tout ce qu’il faut pour qu’on s’en amourache.

On reconnaît, dans le tissage des mots que la voix suave et forte de Gilbert Pounia nous porte, quelques morceaux de vocabulaire. On goûte ainsi, par petites touches, des textes qui, quand on s’y penche, tiennent les promesses de ces mots que l’on attrape au vol.
La langue réunionnaise et sa culture sont admirablement servies par Zizkakan, avec une finesse et une douceur qui sont aussi vindicatives que leur colère, quand elle éclate (sur “Moin” par exemple).
Ni les faits historiques, ni l’actualité ne peuvent nous engager bien loin dans l’amour et la défense d’une langue. Mais après les accords parfois ethniques, parfois plus rock, de l’album Madagascar, on est épris de tout un ensemble de choses que l’on appelle avec plaisir «réunion».
Loin des palmiers et des lagons, on caracole sur une vieille charrette à travers des champs de canne, parfois un vieux tchouk tchouk fait entendre son sifflement et crache sa fumée noire sur nos trognes ébahies. Un voyage qui n’a rien de léger : “Moin Mi Domand Pardon” nous laisse entendre ce dont on a à s’excuser.
Je ne résoudrai peut-être jamais cette situation difficile d’occidental amoureux de tout ce qui a poussé et pousse encore sur ces terres que nos mains de colons ont salies. Un air frais que je ne trouve pas dans les beats de l’électro ou les rayons des «nouveautés». Un air frais qui tient la route, un air qui nous porte, où la voix, le rythme, les sons, où tout nous emmène dans un ailleurs qui n’est pas seulement géographique ; un ailleurs où peut-être, dans un figuier banian ou un sourire, il reste quelques petits dieux farceurs qui ne demandent qu’à être entendus.
Quelque chose d’une honnêteté parfois douloureuse, parfois légère, jamais futile… De la musique hautement nécessaire.