The Phoenix Album
Mute
Sortie : Novembre 2002
Pour peu que l’on se soit quelque peu intéressé à la musique des 60s dans son ensemble, aux Stones, au garage, au Velvet Underground, aux Doors, j’en passe des dizaines et des plus obscurs, c’est incroyable comme, dès la première écoute, la musique des Warlocks peut sembler familière. Comme un album inédit d’un groupe mal défini de cette époque qui referait enfin surface en ce début de millénaire.
Tout orgue en avant, l’happy garage de “Shake the Dope Out” agira comme une véritable machine a remonter le temps ; où sommes nous? 65? 66? 67? Quelque part dans le coin en tout cas… Qui s’en plaindrait, c’est tellement bien fait que l’illusion est parfaite, les influences tellement digérées que les (gros) fils derrière en deviennent invisibles.
Evident, la voix traînante, désabusée, délavée nous guide dans ce voyage “opiaco-marijuanaise”. Les titres défilent nonchalamment peu a peu l’esprit se libère du corps pour voyager paresseusement dans les couches ouatées de l’atmosphérique “Hurricane Heart Attack”, ou l’indianisant “Baby Blue”… Lou y es tu? Plutôt en Reed dans une bouffée de narguilé. Sonnez cithares, résonnez clochettes, valsez tambourins…demain c’est looooiiinnnn….
Marteau-piqueur dans le crâne, bourdonnement saturé dans les oreilles, les voyages avec Shiva c’est le lendemain que ça se paie, “S(t)ickman Blues” comme ils disent… une douche, il me faut une douche pour renaître, pour remettre les pieds sur terre, et plonger en plein “Cosmic Letdown”…
Mais évidemment, cleans ils ne peuvent vraiment pas le rester trop longtemps nos Warlocks, c’est plus fort qu’eux, il faut qu’ils fassent la fête, qu’ils dansent jusqu’au bout de la nuit, nus dans les champs de… ce qui vous plaira, et c’est vrai que pour ce faire “The Dope Feels Good”…c’est plus fort qu’eux, ils replongent avec une gourmandise enfantine, insouciante comme sur “Moving and Shaking” tout en décontraction guillerette et aérienne.
Le temps d’une intro, “Inside Outside” pourrait nous faire croire que le ton se durcit mais, même si le riff tournoyant peut faire penser a un space rock psychédélique à la Hawkwind, ce chant à la gouaille ouatée adoucit immanquablement toute véléité à plomber l’atmosphère. Il y a du Perry Farrell dans ce chant, il y a du Jane’s Addiction chez les Warlocks, lien fragile, fil d’Ariane entre les 60s fleuries et les 00s désabusées et matérialistes au cœur de pierre.
Jovial et chaleureux, par les temps qui courent, The Phoenix Album, ne serait ce que pour ça, mérite largement des applaudissements enthousiastes.
Matez le clip du titre “Hurricane Heart Attack” :