Charlotte Gainsbourg

Publié le 26 décembre 2009 par Zikaddict

Irm


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Warner Music/Because
Sortie : Décembre 2009

Évidemment, les esprits chagrins auront vite fait de déplorer le fait que, si elle n’avait pas ce nom là, aucune maison de disques ne se serait penchée sur cette voix fragile et parfois dangereusement en équilibre sur la justesse. C’est un fait. D’autres se plairont à dire que cet album est surtout pour Beck un “side project” sans danger qui cartonnera sur le marché français et aura ce “je ne sais quoi” d’exotique propre à charmer le grand public US. Ce n’est pas faux non plus, mais faisons fi de ces considérations pour nous pencher un peu sur l’album en question plus que sur le buzz qui l’accompagne.

Après tout, a-t-on reproché à Bardot ses collaborations avec le père de la jeune fille dont il est ici question ? A-t-on reproché à Bardot de mener de front une brillante carrière cinématographique et quelques excursions rafraîchissantes en territoire musical ? Je ne pense pas. On a, au contraire, reconnu que la belle savait s’entourer et on a fredonné ses ritournelles sans plus se soucier de savoir qui était derrière tout ça.
Certes ,le chant est fragile, c’est à la mode, demandez à notre petit président en chef, et les comparaisons ne manqueront sans doute pas avec une certaine Carla… Mais c’est peu dire qu’autour de cette voix rêveuse, Beck a su tisser une toile “mélancolico-apaisée” avec force cordes et rythmes exotiques (rappelant souvent le trip-hop éthéré d’un Massive Attack) convoquant tout son savoir-faire en matière d’arrangements pour une partition presque “indus-soft”.
“Indus” dites-vous ? Genre Ministry meets Rammstein ? Euh… non non, “indus-soft”, genre la bande son d’une usine désafectée un matin d’automne étrangement chaud, noyée (l’usine) dans le coton et au fond de laquelle chante une jeune fille désincarnée.
Alternant chant en anglais et en français d’un titre à l’autre. Comme sur l’étonnament, très Gainsbourgien, “Le Chat du Café des Artistes” et ses envolées mélodiques Nelsoniennes, ou le Beatlesien, “Heaven Can Wait, qui vient mettre un terme à l’impression d’écouter du Air qui plane depuis le début de l’album.
Combien pèse une chanson ? Voilà bien une question saugrenue mais que l’on ne peut s’empêcher d’avoir en tête à l’écoute de “Vanities”. Le poids des larmes sur une plume sans doute, voilà qui est pour le moins tiré par les cheveux mais avec ses cordes très Craig Amstrong (Massive Attack, on y revient) difficile de ne pas y penser.
L’album déroule ainsi paresseusement, entre le pop, “Time Of The Assassins”, un “Trick Pony” franchement industriel, un “Greenwich Mean Time” sautillant à la Tings Tings, et milles autres trouvailles qui font que l’on ne s’ennuie jamais malgré une première impression d’ensemble plutôt… soporifique.
Au final, Irm nous fait découvrir en Charlotte Gainsbourg une interprète particulièrement investie et appliquée à mettre en mots les superbes mélodies concoctées par un Beck qui prouve une nouvelle fois qu’il est bien le recycleur le plus doué de sa génération.
Un bijou de pop soyeuse.