Este Mundo
Cumbancha
Sortie : Novembre 2009
La grosse enveloppe de kraft beige que je reçois dans ma Poste Restante, bruissante d’aura et de désirs, tient ses promesses. On commence notre séjour par des bruits de pièces, qui s’échafaudent en une rythmique épaisse dont on ne sait pas encore où elle nous emmène. Le premier titre se termine ainsi, sans même qu’on s’en aperçoive, par ce bruit de pièce .. est-ce d’une machine-à-sous ou d’un juke-box ?
“C’est moi” nous fait découvrir l’ensorceleuse qui va nous faire frémir pendant tout le temps qu’on va passer avec elle. Un accent, (lequel ?), teinte ses paroles françaises d’une élégance sensuelle qui fait parfois un peu penser à la langueur de Lhassa ou de la chanteuse de Pink Martini. Sauf que derrière, il y a le feu qui incendie la basse, la batterie et les cuivres. On est où là ?
L’enveloppe, comme Rupa et ses poissons d’avril viennent de l’autre continent, de San Francisco, même. Et on ne s’en remet pas de cette voix qui danse dans tes petits pavillons frétillants de plaisir.
Une batterie bien frappée, un accordéon qui te soulève les tripes, un trombone pour soupirer, un violon pour te surprendre et une magicienne pour te consoler, te séduire, te perdre et te retrouver.
Les rythmiques parfois ska, parfois fanfare, te font juste frissonner de bonheur, à écouter ce maelström dansé. La grande baie de Frisco nous amène ici un trésor pour cet hiver de la vieille Europe qui peine à retrouver son souffle, et son duende. Car c’est bien lui qui traverse océans, tempes, rêves, pour venir nous trouver, et nous rappeler à la danse et à la vie, éclatante.
Le duende. La voix de Boots Riley, grave, noire et sombre, qui vient répondre à celle de Rupa sur “Soledad” amène son souffle sur cet enchantement.
“Este Mundo”, oui, c’est le monde entier, l’arcane 21 que cet album, Este Mundo, qui nous amène tout, toutes les routes, tous les déserts, toutes les villes et leurs périphériques dans des notes et des voix, des soupirs et des rires. Este Mundo.