BlackHeart Revolution

Retribution Music/Season of Myst
Sortie : Novembre 2009

Avec la ferme intention du groupe de donner un coup de pied dans la tranquille fourmilière des familles américaines bien pensantes et “Disneylandisées” à l’extrême, on peut dire que c’est un brin narquois que l’on glisse ce quatrième album dans la platine. Choquer l’Amérique post-Bushienne bien pensante, c’est une chose, mais même Britney Spears y arrive.. c’est dire! Par contre, c’en est une autre de s’attaquer à un vieux continent qui en a vu d’autres.

Alors quelles sont les forces en présence ? La belle Gen et ses Genitorturers sortent la grosse artillerie cliniquement produite : indus propre (”indus US” comme ils disent) à la Marilyn Manson, riffs et soli à la White Zombie, chœurs pour stade d’ados.
Mouais, tout cela sent quelque peu le déjà vu pas bien méchant. Ajoutez à cela une ou deux ballades mid-tempo “radio friendly” genre “Falling Stars”.
La principale force de l’album réside sans aucun doute dans la voix de la camionneuse en débardeur de Gen. Hargneuse, vindicative, mais surtout féminine, c’est la garantie de démarquer le groupe de ses nombreux concurrents pop-métallo-testostéronisés. On songe très souvent aux Donnas (”Tell Me”) ou à Garbage.
Si à l’issu de l’écoute, l’impression peut paraître un peu mitigée par un parti pris choisi par le groupe de rester suffisamment propre pour plaire au plus grand nombre, il ne faudrait néanmoins pas oublier les ultras efficaces “Kabangin’ All Night” (véritable tuerie), “Take It” aussi burné qu’efficace, ou le superbe “Confession Of A Blackheart”, pour la peine très atypique avec son son de gratte Rammsteinien et ses breaks inattendus.
Rammsteinien aussi “Cum Junkie” avec un beat très eurodance sur lequel ne manqueront pas de venir se trémousser des hordes de teenagers heureux de pouvoir s’époumoner sur le refrain. Le public européen, pas plus scandalisé que ça s’amusera sans doute de ce spectacle gentiment décandant et de cet hymne à l’honneur du sujet de prédilection des American Pie-rs.
Genitorturer feront-ils donc trembler l’Amérique puritaine sur ses fondations avec BlackHeart Revolution ? Pas sûr… l’Amérique adulte a bien d’autres sujets de préoccupation un brin plus inquiétants, quant aux ados à qui le disque est clairement dédié, ils en ont vu tellement d’autres à longueur de journée qu’ils l’appréhenderont sans doute comme une virée en train fantôme : c’est bien foutu, un peu kitsch, et on se marre bien à se faire peur gentiment.