Shades of Grey
Montauk
Sortie : Janvier 2010
Ils sont français, ils ont un nom bizarre, ils font des jolies ballades pop et les projections vidéo en live les font tripper à mort. C’est l’histoire d’une mystérieuse fée un peu rêveuse, un peu dolente, et un rien espiègle.
The Sugar Plum Fairy project est à première vue l’un de ces groupes étranges qui semblent tellement venir de nulle part qu’il pourrait être originaire de n’importe où.
Dans les faits, les gaillards sont Tourangeaux. Le nom du groupe, lui, provient d’un ballet pétersbourgeois. S’ils avaient respecté la version russe originale, ils aurait même du s’appeler “Фея Драже” [Féia Dragée]. Mais cela doit sonner trop français à leur goût ; car Sugar Plum Fairy pr. chante exclusivement en anglais.
Shades of Grey peut très bien se ranger entre les disques d’ Antony and the Johnsons et ceux de The XX, dans ce genre confusément appelé “Rock Indé”.
Musicalement, le chant et le clavier d’Arnaud Jouannet s’occupent de la mélodie, soutenus par la sage rythmique du bassiste, Sylvain Joubert, et du batteur; Nicolas Jaumain.
Moins expérimental que son prédécesseur -qui n’utilisait que des percussions électriques-, ce disque possède cette touche pop, presque sirupeuse, façon Coldplay… ce qui n’est pas un défaut, loin de là. Car comparé à l’album sorti en 2006, l’ensemble est ici mieux produit, mieux chanté, moins dépressif quoique toujours gentiment mélancolique.
“Not for Real” est la piste au refrain le plus entraînant, tout comme “Faultline”. Le reste est beaucoup plus centré sur les accords au piano et la voix plaintive d’Arnaud. Et si le batteur doit franchement s’ennuyer sur ces pistes, l’auditeur perçoit de belles mélodies pop, parfumée d’électro.
“Head Down”, “Good at Life” et “The Chatter Box” sont de celles-là. Le disque ne contient aucune piste ratée ou sans intérêt. A la rigueur, “My Sweet Failure” est un peu trop lente, ça ressemble à du AaRON, avec ces complaintes où le mec geint comme s’il chantait le doigt coincé dans une porte.
“Shades of Grey” est un album au songwriting élaboré, écrit d’une main de maître, pouvant facilement rivaliser avec les ténors internationaux du genre. En tout cas, il serait dommage de passer outre ce groupe.
Reste à voir ce que ça donne sur scène, avec tous les trucs vidéo qu’ils nous promettent.