Autoproduction
Sortie : Novembre 2009
N’ayons pas peur des mots, en matière de musique, le groupe parisien est sacrément en avance sur son temps. Alors que les Franz Ferdinand et autres Bloc Party (mais tout un tas d’autres dont la liste serait trop longue à faire ici) ont décidé que les années 2000 seraient placées sous le signes des 80s triomphantes et que l’on assiste à un retour en force des Rubiks Cubes, des baskets fluos et autres horreurs que l’on croyait à jamais oubliées, Boni-Fate décide de faire un bond en avant dans le temps laissant les yuppies loin derrière pour marquer les 10s de l’aura fusionesque des 90s.
Alors sortez vos shorts à carreaux, vos docs montantes et vos skates, car les 12 titres de l’album, Pendant Que La Planète S’use, vont vous faire rider le bitume aussi surement qu’ils rempliront les hostos d’éclopés des cervicales (RIP Jason Newsted).
Ce qui frappe d’entrée l’auditeur c’est la puissance du son dégagé par le groupe qui, pour le coup, n’a rien à envier à RATM, les guitares sont énormes, véritable rouleau compresseur enragé sur lequel vient se poser le chant varié, alternant mélodies et phrasé plus « rap » rappelant parfois le Kool Shen des grands jours, voire parfois même, son taulard d’acolyte. La basse n’est pas en reste et que dire de l’excellent idée de recruter Animal (du Muppet Show) à la batterie ? Quoi ? C’est pas lui ? ah bon… pourtant ça part tellement dans tous les sens derrière les fûts que je l’aurais parié ! Évidemment, citer Rage Against the Machine tient de la tarte à la créme, mais Boni-Fate n’a pas à rougir de la comparaison, ni d’ailleurs des relents de Suicidal Tendencies et autres Downset qui percent tout au long de l’album, le chant et les paroles « conscious » en français laissant aussi deviner l’influence de No One is Innocent ou Lofofora sur le combo.
Monolithique, on l’a dit, le son de gratte l’est certainement, enfonçant, tel un marteau pilon, dans le crâne de l’auditeur, un message qui, s’il est définitivement positif, n’en oublie pas d’être avant tout révolté et concerné. Pourtant, le titre éponyme, “Pendant que la planète s’use…”, voit la basse prendre toute sa place dans ce déluge de riff avec un gros passage dub tout a fait réussi, comme une respiration en surface avant de replonger dans le chaos du monde que nous connaissons. Autres respirations, aussi inattendues que bien vues, les extraits du speech de Bernard Blier dans Un idiot à Paris ( « Vous semblez oublier, en effet, mes amis, que vous n’êtes que des salariés, c’est-à-dire les êtres les plus vulnérables du monde capitaliste ! Des chômeurs en puissance ! Le chômage… Le chômage et son cortège de misères… Y avez-vous pensé ? ») mais surtout un coup de gueule salutaire de l’abbé Pierre qui viennent servir le discours du groupe en lui apportant la crédibilité et la maturité qui pourrait parfois faire défaut à certaines paroles plus naïves.
On imagine aisément que le résultat sur scène doit être dantesque, perso, je choppe mon board, je chausse mes Etnies et j’y cours … vite (ndlr : Silmarils) !