Auteurs : Philippe Manoeuvre & Marie Meier
Editions : Tana
Sortie : Octobre 2009
Depuis la nuit des temps, ou plutôt depuis Robert Johnson et sa rencontre à la croisée des chemins (crossroads) jusqu’aux extrémités sanguinaires des groupes de black metal scandinaves, le Rock et le Malin ont toujours marché main dans la main. On connaissait le penchant inavoué de P. Manœuvre pour l’occultisme (en témoigne le passage de Pacôme Thiellement dans les colonnes de Rn’F) mais, alors qu’il avait fourni un travail minimal lors de la rédaction d’Etre Rock (précédent opus de cette brillante collection), on découvre aujourd’hui le “rock critic” légendaire particulièrement inspiré quand on en vient à aborder le sujet du flirt appuyé de la musique avec les forces obscures.
Ainsi donc, en plein concert d’AC/DC au Stade de France, notre bon ami est soudain frappé d’une révélation, toute la musique qu’il aime elle ne vient donc pas de là, non elle ne vient pas du blues, mais plutôt des entrailles de la terre, de la fournaise qui y bouillonne et de son Master of Ceremony cornu. Partant de cette révélation, Manœuvre remonte le fil de l’histoire jusqu’au blues primaire, aux condamnation d’Elvis par le Vatican, aux Cochran et autres JL Lewis, puis vient le tour des glorieuses 60’s et leur lot de morts à 27 ans (Jim, Jimi, Janis à la liste desquels viendront s’ajouter Kurt et quelques autres), Beatles, Stones, Zeppelin et autres Sabbath ne sont évidemment pas en reste, le punk, le métal (grand consommateur d’imagerie fourchue) le tout pour finir par le Roi Lézard himself confirmant que… this is the end.
Chaque chapitre est l’occasion de revenir sur la carrière d’un groupe ou d’un mouvement avec forces anecdotes, plus ou moins infernales, mystères et événements inexpliqués.
La plume du petit Philou est, bien évidemment, fidèle à sa légende rendant la lecture (le dévorage plutôt) particulièrement agréable.
Si, pour Etre Rock, c’était Thierry Guitard qui s’y était collé pour les illustrations dans un superbe noir/blanc/rouge, c’est la talentueuse Marie Meïer qui s’y colle aujourd’hui, illustrant chaque page des Enfers Du Rock ; une œuvre où, à son habitude, on retrouve mêlés gothisme, mysticisme et kustom kulture.
Marchant dans les pas de ses glorieux anciens (Rick Griffins bien sûr mais beaucoup d’autres…), c’est le pourpre, cette fois, qui vient «égayer» son noir et blanc assuré pour le plus grand bonheur des yeux !
Deux talents sûrs du petit monde du rock au service de la Bête… ça fait frémir !