Karimouche

L’emballage d’Origine

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Atmosphériques
Sortie : Février 2010

Atmosphère ? Atmosphère ? Vous trouvez qu’elle a un flow d’atmosphère la miss Karimouche (et pas avec le coude ) ? Si d’atmosphère il y a, outre son label, c’est bien celle de l’époque racontée avec bagou et gouaille, comme une titi parisienne lyonnaise qui aurait été chercher sa diction tout en rap/ragga dans les banlieues dites “difficiles”.

Une Arletty de Sarcelles (”Atmosphère” et ses charters complets pour Bamako), en quelque sorte, une lointaine cousine de Lady Saw, son petit béret et sa baguette (enfin une campagnarde, ou des champignons, s’il y en a) sous le bras. De Kingston à la Croix Rousse, elle nous emballe dans L’emballage d’Origine.
Comme une Diams qui du haut de sa tour raconterait ce qui se passe sous ses fenêtres sans jouer aux mères la morale, sans larmoiement inutile, entre autodérision et constat désabusé sur tout un chacun.
Sur le disco “Je Parle Trop”, Karimouche ne s’en cache pas : c’est plus fort qu’elle, elle parle comme elle respire, et quand on voit à quelle vitesse et la souplesse avec laquelle elle débite ses états d’âme, on se demanderait presque quand elle trouve même le temps de respirer.
Un accordéon discret par-ci, par-là, un xylophone, tout ce qu’il faut pour la créer cette fameuse atmosphère urbaine, franchouillarde et ses mots sans âge que l’on trouve au détour d’une rime (qui dit encore “mornifle” au XXIeme siècle ?).
Vous allez me dire, du reggae français, ça va, on commence à en avoir soupé, et pas du meilleur! Mais plutôt que de classer Karimouche dans cette catégorie typiquement hexagonale, c’est plutôt dans la tradition de la chanson française futée, entêtante et badine qu’il faudrait ranger la miss Mouche, tant l’univers musical est avant tout mise au service de petites vignettes de vie (comme “Firmin” sur lequel plane l’ombre affectueuse de mamie Piaf).
Elle le dit elle-même, elle peut chanter du Cloclo et du Renaud, et c’est vrai qu’il y a du chanteur à la cheutron sauvage dans cette façon de poser de petites histoires poétiques et  théâtrales qui n’ont l’air de rien, mais qui sont drôlement bien tissées.