Sweet Soul Blues

Dixie Frog
Sortie : Février 2010

Avec ce troisième album, Malted Milk s’impose non seulement comme l’une des figures de proue de la scène soul blues-funk française, mais il se fraye également un passage au niveau international. Son association de (sweet) soul/blues/funk aux grooves infectieux et incisifs, a en effet de quoi redorer le blason hexagonal et rivaliser avec les leaders de la «nouvelle vague soul» internationale.
 
Une fois n’est pas coutume ; d’abord, je lis (la bio), et là j’apprends : «Une machine à groover infernale, enrichie d’une section de cuivres rutilante et pilotée par le grand timonier, Arnaud Fradin, avec sa voix habitée et son jeu de guitare inspirée».
Ensuite, j’écoute (le disque), et là, en effet, j’entends «une machine à groover infernale, enrichie d’une section de cuivres rutilante et pilotée par un gars (un certain Arnaud Fradin, donc) à la voix habitée et au jeu de guitare inspirée», et constate avec un certain plaisir (ou un plaisir certain), que pour une fois, le topo promotionnel décrit l’album en question avec beaucoup de justesse et sans les traditionnelles outrances du «jargon marketing» que les attaché(e)s de presse affectionnent tant. Mieux encore ! Plus je réécoute le disque, et plus je trouve qu’en définitive le pitch promo ne lui rend pas vraiment justice et manque décidément d’enthousiasme.
Certes, on y apprend des choses très intéressantes, comme, par exemple, le fait que la formation est originaire de Nantes, que le guitariste, Arnaud Fradin, en est à sa tête depuis 1998, que la notoriété du groupe «dépasse largement les frontières de l’hexagone» et qu’il a participé à la finale de l’«International Blues Challenge» de Memphis en 2007… Mais à aucun moment on nous prépare psychologiquement au soufflet qui nous attend et nous est asséné, de manière fort courtoise et sensuelle, certes, mais bon.. un soufflet tout de même ! L’effet de (bonne) surprise n’en est que plus puissant, c’est certain.
Dès le premier titre “Brand New Thing”, Malted Milk nous tire de notre léthargie de sur-consommateurs de musique limite blasés et nous met directement au pas avec une déferlante de riffs bluesy, de grooves funky et de vocaux soulful, cajoleurs et enjôleurs… Bouclez vos ceinturons et allumez vos cigarettes, le voyage au pays du Sweet Soul Bluesne fait que commencer, et l’on en revient… pas.
Que l’on se laisse glisser mollement sur les flots bleus du blues mélancolique et mélodieux de “Hang In On” et “Hard Time Killin’ Floor Blues”, ou que l’on se fasse happer dans les rapides soul/funk impétueux et revigorants de “Da Bump” et “Don’t Burn Down The Bridge”, c’est avec notre consentement le plus total que l’on se laisse embarquer par l’énergie du funk, charmer par la sensualité de la soul et griser par la lascivité du blues.
Un mélange suave, riche et énergétique.. pas étonnant, me direz-vous, pour une galette de «lait malté».