Chapel Hill

Publié le 02 mai 2010 par Zikaddict

If These Wings Should Fail Me


Cosmopolite Records
Sortie : Avril 2010

Country ? Folk ? Oui, oui Chapel Hill, s’il devait se retrouver dans une case se retrouverait sans doute dans une de celles-ci, mais nos corbeaux appartiendraient à la famille des Tom Waits et autres Mark Lanegan, de ces oiseaux de mauvais augure (enfin pas forcément, le groupe rappelant que, dans certaines civilisations, les corbeaux sont les messagers des dieux) qui savent influencer l’énergie et la crasse du rock n’roll des pionniers. Une country rouillée, juste graissée au bourbon et au tabac froid.

Si quelques touches de lumière viennent faire briller le tranchant de la lame émoussée (”Where are you now ?” et ses cordes/nappes hantées), c’est un éclairage froid et triste comme un soleil d’hivers dont il s’agit.
Mélancolie, c’est bien évidemment le sentiment le plus frappant de cet album, porté par l’utilisation de glockenspiel, violons et autres contrebasses comme sur le superbe “In Your Room” (rien à voir avec Depeche Mode) qui n’est pas sans rappeler les collaborations d’Isobel Campbell et Mark Lanegan, avec Yasmine Carlet dans le rôle de la scandinave. Les violons savent se faire parfois plus enlevés permettant d’équilibrer If These Wings Should Fail Me et d’éviter de sombrer dans le lugubre.
Je ne sais pas à quoi ressemble la Caroline du Nord native du quadra Nathan Symes (l’âme du groupe, qui se balada des Etats-Unis à la France et inversement), mais à l’écoute de cette seconde carte postale longue durée (après le sombre “Songs to Die For” en 2009) je l’imagine noyée sous la neige, le ciel d’un bleu glacial infini et le bois craquant.
Organique et brute, en tous cas, sans fioritures inutiles. En atteste, par exemple, la prise live du titre francophone “Tu Es Mon Faust”. Faust ou Nick Cave, auquels on songe aussi parfois, à chacun de se faire son idée.
Si d’aventure, tel le corbeau, déçu(e) par la vie, vous décidiez de prendre votre envol du bord de votre fenêtre, je ne vous conseillerais certainement pas d’écouter ce disque avant de prendre une décision ferme et définitive, ayant déjà été abondamment prouvé que l’homme volait beaucoup moins gracieusement que le noir oiseau.
Si, par contre, vous avez besoin de votre dose de spleen hanté et ensorcelant de temps en temps, ce disque est pour vous.