Causers of This
Carpark Records
Sortie : Mars 2010
Aucun doute possible, Chaz Bundick (ici connu sous le nom de Toro Y Moi) possède sans doute une belle collection de synthés vintage et de boîtes à rythme d’un autre âge. Il s’en sert, en use et en abuse, tout au long de ce long album étonnement composé de seulement 11 titres d’une durée moyenne de moins de 11 minutes.
Si d’aucun prétendent qu’un groupe comme Phoenix fait de la musique pour trentenaires qui n’écoutent pas de musique, entendant par-là que dans le style consensuel, on peut difficilement faire mieux (ou pire, selon vos goûts). Ni trop lent, ni trop rapide, ni trop mou, ni trop violent, ni trop dansant, ni trop cérébrale, bien au “miyeux” comme une sorte de Modem musical, qui, par contre, saurait rencontrer son public, si d’aucun, donc, prétendent celà, ils seront sans doute surpris d’apprendre qu’il existe un énergumène du côté de Columbia (Caroline du Sud), qui pratique une musique que l’on pourrait qualifier de Phoenix expérimental.
Oui oui, vous avez bien lu juste au-dessus ; du “Phoenix expérimental” ! C’est-à-dire un style de musique qui conviendrait au plus grand nombre de gens peu regardant sur l’originalité, à la recherche d’une ambiance légérement happy (mais pas trop) pour mettre en papier peint sonore de leurs diners entre amis, entre deux couches à changer et un débat de fond sur ces salauds de gens qui ne trient pas encore leurs poubelles… «qui conviendrait» disais-je car, notre ami Toro s’amuse à glisser dans les compos de Causers of This plein de petits gimmicks décalés, et surtout de cassures de rythmes inattendues, faux départs de pistes, voix qui se met à fondre et dégouliner comme si le vinyle rendait l’âme sous la canicule, pas mal d’effets, en fait, qui font penser à la lointaine cassette qui, quand la bande commençait à vieillir un peu, produisait exactement le même effet.
La cassette ? Voilà franchement l’astuce pas con.
Donner à entendre à un public sans doute bien ciblé, la musique qu’il aime, tout en lui rappelant les souvenirs de ses premiers émois musicaux ; ça, il faut bien le reconnaitre, c’est futé !
Personnellement, déjà à l’époque, quand mes cassettes commençaient à montrer des signes de faiblesse, ça me mettait hors de moi et provoquait une irritation difficilement descriptible… alors je vous laisse imaginer quand, en plus, la musique qui est sur la dite cassette ressemble franchement à du Phoenix peu inventif (pléonasme ?).
Avec le succès que rencontre tout autour de la planète le groupe qui sans cesse renaît de ses cendres, aucun doute que sa musique plaise, mais qui, franchement, a envie de l’écouter sur une vieille cassette usée jusqu’à la corde ? .. Je vous le demande !