Giants, Ministers &Makers : Jazz in South Africa
Strut/PIAS
Sortie : Juin 2010
Le label Strut continue son incursion dans les archives de la musique Sud Africaine avec ce troisième et dernier volet de la série Next Stop… Soweto. Cette fois, la double galette est une rétrospective du vivier des talents de la scène jazz du début des années 60 au milieu des années 80. Une fusion de jazz et de grooves tribaux qui séduira autant les oreilles expertes que les non-initiées.
Alors que, durant les années 60 et 70, les artistes Sud Africains s’exilaient en masse pour fuir le régime séparatiste afin de poursuivre leur carrière à l’étranger, un grand nombre de musiciens de jazz restèrent néanmoins au pays et continuèrent d’exercer leur art dans un contexte politique et social opprimant.
Malgré l’oppression de plus en plus radicale de l’apartheid, une scène jazz Sud Africaine s’épanouit dans les années 50 sous l’impulsion d’artistes comme les Jazz Epistles et Chris McGregor, qui s’inspiraient du jazz de leurs homologues américains (Charlie Parker et Duke Ellington) tout en y ajoutant des touches de Be Bop ainsi que le marabi et le kwela local. Mais après le massacre de Sharpville dans les années 60, la restriction des radios locales et les répressions policières s’intensifièrent, rendant la vie des musiciens noirs alors insoutenable et obligeant la plupart des grands noms du jazz (tel que Hugh Masekela et Miriam Makeba) à émigrer.
Sur ce dernier volet, Next Stop…Soweto Vol.3, Duncan Brooker et Francis Gooding ont donc décidé de résumer l’histoire de la musique qui survécut en Afrique du Sud durant une période s’étalant de la moitié des années 60 jusqu’au milieu des années 80. En l’espace de 20 titres, la compilation recense des sommités de la communauté jazz Sud Africaine de l’époque, comme le saxophoniste Dudu Pukwana et le percussionniste Early Mabuza.
Parmi d’autres perles rares, on découvre un titre inédit de Dollar Brand (”Next Stop Soweto”), les grooves soul-jazz infectieux de The Heshoo Beshoo Group (sur “Emakhaya”), The Soul Jazzmen (sur “Inhlupeko”) et The Drive (sur “Howl”), le jazz tribal de The Ministers (sur “Ngena Mntan’am”) et le «jazz en fusion » de Malombo (sur “Sangoma”) combinant grooves jazzy, flutes et percus africaines.
En écoutant ce disque, on réalise alors que l’héritage musical de cette époque est d’une grande richesse et d’une importance capitale puisqu’il est l’expression d’une résistance farouche contre la répression culturelle d’un régime totalitaire.
Le chant des esprits libres. Le son de la liberté de l’esprit.