Jammer

Jahmanji

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Big Dada/PIAS
Sortie : Juillet 2010

Avec l’arrogance méprisante et le refus obstiné de s’intéresser à ce qu’il se passe en dehors de la sphère underground et des radios pirates londoniennes, le mouvement grime britannique s’est affirmé en tant que genre farouchement indépendant, tout en gardant néanmoins l’ouverture nécessaire afin d’évoluer suffisamment pour garder le schmilblick excitant. Le premier album de Jammer reflète à merveille cet état d’esprit.


Jahmanji
n’est pas facile d’accès. Pénétrer dans son univers se mérite. D’emblée, l’album de Jammer présente une série de portes fermées, contenant des rythmiques fracturées et déboussolantes, ornées de vocaux quasi inintelligibles délivrés à une allure étourdissante, mais qui abordent des sujets “couillus” à grand renfort de « punch lines » taillées pour alimenter le réseau Twitter pendant des mois. Tant de subtilité et d’intelligence échappera sans doute au plus grand nombre et tiendra à distance une bonne partie des médias mainstream, mais qu’importe ! Les « dévots », eux, y trouveront tout ce qu’il faut pour caresser leurs tympans dans le sens du poil.
Une fois les portes de l’album franchies, on comprend mieux pourquoi Jammer est demeuré l’un des producteurs les plus respectés de la scène grime de cette dernière décennie.
Sur Jahmanji, Jammer s’est entouré de cadors de la scène grime… une initiative que l’on applaudit à deux mains (tant qu’à faire !). Ainsi découvre t-on avec délice les contributions vocales de Skepta, JME et Frisco, Newham Generals, Jammin, Hainsy, Camalot, Lickle J,  Kivanch et Shiv Lizzy… oui, la liste est lonnngue ! Et niveau prod, on est tout aussi bien servis, avec des touches « made in » Toddla T, Rapid, Mumdance et Redlight. Voilà voilà…
Dès la première écoute, l’album a de quoi faire succomber les plus récalcitrants avec ses vibes dancefloor, ses voix prenantes, tantôt ragga, tantôt hip hop… un disque « à barrir de plaisir », en somme.
Le petit prince de la scène grime, Dizzee Rascal, a donc quelques bonnes raisons de se faire du “sushi”… et va vraisemblablement devoir apprendre à partager son terrain de jeu ! Gnarc gnarc..