Drake

Publié le 20 août 2010 par Zikaddict

Thank Me Later


Cash Money Records/Universal Motown
Sortie : Juin 2010

Après la sortie (en août 2009) de sa mixtape fort prometteuse, Drake Drizzy Rodgers, (pour lire la chronique du disque, cliquez ici à l’aide de votre doigt, par exemple), on aurait volontiers parié notre string préféré sur le premier album du jeune rappeur/acteur canadien, Drake. Or, à l’écoute de la «très attendue» galette, Thank Me Later, on se dit que, finalement, on a bien fait de s’abstenir…

Le jeune rappeur canadien, et ex star de la série pour ados, Degrassi: The Next Generation, a près de 650 000 fans suivant assidûment son actualité sur Twitter, plus de 200 000 amis sur Facebook et 31 millions de connections sur MySpace… pas mal pour un «bleu» de tout juste 23 balais !
Ceci dit, pour chaque fan que Drake a glané d’un côté, il a gagné un détracteur de l’autre… ce qui est, somme toute, assez compréhensible si l’on considère son inaptitude manifeste à se démarquer de ses influences et créer son propre style,  et aussi le fait que cet «acteur-devenu-MC» n’a visiblement jamais fait l’effort de se départir de son image de «gosse de riche» habitué à ce que tout lui tombe tout cuit dans le bec.
On n’aime pas la méchanceté gratuite, mais sur ce coup-là, on a tout de même quelques bonnes raisons de faire la gueule et d’acquiescer aux critiques acerbes de nombreux «Gérard-langue-de-pute»…
On citera, par exemple, le passage d’un article un tantinet virulent (publié sur Loop 21) de Marc Lamont Hill (de l’«Associate Professor of Education» à l’université de Columbia) qui, à mon sens, résume assez justement la situation :
Drake ne possède ni l’art, ni la science stylistique du «MC-ing». De sa tentative frénétique à vouloir rester «on beat», à son inaptitude flagrante à sortir du lot et à improviser, Drake représente un «dangereux moment historique» dans la culture hip-hop, où le simple fait de rapper supplante les autres dimensions du MC-ing, comme l’art du «freestyling», du «battling», ou encore celui de faire bouger la foule… Prêtez une oreille attentive à l’album de Drake, et vous pourrez presque entendre les calculs vénales de producteurs exécutifs avides de «ma(r)quetter» le prochain produit «bankable», à savoir le parfait «crossover» rassemblant quelques qualités indispensables : une «fan base» blanche pré-existante (check),  un «background » exotico-éthnique (check), une couleur de peau ni trop pale, ni trop foncée (check), et la collaboration de quelques célébrités du genre (check).
Bref, vous l’avez deviné, l’album Thank Me Later n’a pas franchement impressionné (en bien, tout du moins) les amateurs de rap “couillu”.
Bien qu’officiant sous la tutelle du prince du «dirty-south», Lil Wayne, Drake ne parvient pas à nous décoller la pulpe du fond, et englue son flow vocodé dans une mélasse insipide, aux rythmiques mollassonnes et sons « twiqués » sur Auto-Tune…  Même la liste de «super guests» (Jay-Z, Alicia Keys, Young Jeezy) ne réussit pas à alléger cette galette archi lourde et imbibée de psychodrames à trois balles (et encore, on est généreux).
Un disque qui a du mal à passer.. et reste sur l’estomac.