Carl

Publié le 03 octobre 2010 par Zikaddict

Où Poser Des Yeux ?


Humpty Dumpty Records/Le Son Du Maquis
Sortie : Août 2010

Carl ? Un touche-à-tout qui cultive l’art du décalage, un agitateur de neurones qui se faufile dans les failles de notre époque dissolue. Non content de tracer les frontières mouvantes d’un univers aux textes aboutis, il l’agrémente d’un fond sonore travaillé au scalpel, jonglant allègrement avec les beats hip-hop, les déconstructions du jazz et les longues et denses plages électro, sans oublier quelques détours du côté de la bossa ou de la pop.

Notre homme dégaine à l’instant juste, n’épargne pas les petits et grands travers de ses contemporains, et sait camper en deux-trois phrases explosives et une ambiance tantôt macabre, tantôt fantasmagorique, avec la pointe d’humour noir nécessaire à la décompression.
Assurément raconteur d’histoires “abracadabrantesques” et performer, Carl déambule sur scène dans un décor en carton et des figures colorées inquiétantes et grimaçantes qu’il a conçues de A à Z.
Vidéos délirantes à l’appui, ce “ni tout à fait slammer, ni tout à fait chanteur” n’hésite pas à bousculer le public et les idées reçues sur les musiques urbaines. Cet hétéroclisme maîtrisé, cette façon de flirter allègrement avec les marges, ce refus du mièvre et du politiquement correct au profit de l’inquiétant et du rentre-dedans sont les arguments qui ont séduit le concours de Musique à la Française, qui en 2008 lui a décerné le premier prix.
Construit comme une succession de 13 histoires au vitriol mais non dénuées de tendresse, Où Poser des Yeux ? est un album qui voit défiler dans ses entrailles une collection de personnages attachants mais ô combien singuliers.
Question du choix dans la représentation : les losers magnifiques y font leur trou davantage que les super-héros sans faille, les chiens y sont débrouillards mais nécrophiles, d’autres sous leurs dehors faussement chics dissimulent des habitudes abjectes.
Il est donc fortement recommandé d’aller au-delà des apparences, de chercher du sens dans les petites scories quotidiennes, de trouver la beauté là où se niche le plus volontiers le désenchantement.