Nellie McKay

Home Sweet Mobile Home

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Verve Forecast
Sortie : Septembre 2010

Au début de sa carrière, on nous la présentait comme la nouvelle Norah Jones. Mais le raccourci était trompeur car ses opinions politiques trempées dans le zinc lui ont offert une liberté de composition infinie. Malheureusement au détriment de sa popularité, indécente au vu de son talent.

Les artistes “engagés” français peuvent aller se rhabiller !
Végétalienne, membre du PETA, féministe, Nellie McKay a toujours su manier l’ironie la plus féroce pour appuyer ses opinions. Et quand il s’agit de faire respecter ses choix par ses maisons de disques, la belle américaine n’a pas pour habitude de faire des concessions.
Pour son quatrième album, Home Sweet Mobile Home, Nellie fait du Nellie. C’est-à-dire un disque inclassable.
Stylistiquement jazz, pop, reggae ou calypso, elle attaque dans toutes les directions, sans pour autant perdre la boussole du bon goût. Mais McKay est aussi une anomalie temporelle ; comme un rejet délicieusement kitsch des années 20 ou des années 50, elle sait se tenir à une distance très respectable de ce qu’on attend d’une chanteuse d’aujourd’hui. Gérer sa carrière, c’est bien le cadet de ses soucis.
Par contre, pour ce qui est de savoir faire la bonne musique, McKay n’a aucune leçon à recevoir. Les agréables compositions s’enchaînent et il faut beaucoup plus qu’une simple écoute pour découvrir les secrets de chacune d’elles.
L’album commence sur un magnifique “Bruise On the Sky” très pop, suivi par une ballade au ukulélé, “Adios”. Et c’est une surprenante rythmique jamaïcaine que l’on retrouve sur les titres “Caribbean Time” et “Unknown Reggae” aux paroles caustiques. On y retrouve aussi beaucoup de chansons très mélodiques, tantôt sobres et lentes comme “The Portal”, tantôt cuivrées et sophistiquées comme “Absolute Elsewhere”.
Et si le style de “Coosada Blues” est explicite, “Bluebird” et “Dispossessed” ont été composées dans la plus pure tradition des music-halls de Broadway.
Le seul bémol de ce disque, c’est le petit nuage gris que l’on devine au-dessus de la tête de Nellie. Les albums précédents étaient plus pétillants et plus épicés. Voila pourquoi je conseillerais aux néophytes de s’intéresser d’abord à l’ô combien génial “Get Away From Me”.
Mais cette chanteuse a tellement de talent qu’on ne peut se permettre zapper une ses productions. Car sans vouloir inventer une compétition entre les chanteuses actuelles, ni provoquer de crêpages de chignons, Nellie McKay mérite une renommée au moins égale à celles de Cat Power ou de Regina Spektor, ce ne serait que justice.