City of Refuge
Foreign Children
Sortie : Janvier 2011
Joanna Newsom a sa harpe, Abigail Washburn a son banjo. Si vous n’accrochez définitivement pas à la voix miauleuse de la première, laissez-vous tenter par la folk alternative de la seconde. Des instruments bizarres, plein d’excellents musiciens et une relecture habile de la musique appalachienne … Abigail Washburn nous livre un album élégant dont la minutie révèle une artiste attachante.
Si vous pensez, du fait de votre érudition dans la catégorie “cinéma & canoë”, que le banjo est uniquement joué par des trisomiques aphasiques, vous risquez de décevoir fortement la belle Abigail.
Car en matière de clawhammer, la jeune femme n’a guère besoin des conseils des vieux chanteurs de bluegrass des Appalaches.
Cela fait maintenant quelques années qu’Abigail Washburn écume les routes avec son banjo. Toute seule en mode Folk, avec ses amies d’Uncle Earl en mode Country, ou avec The Sparrow Quartet dans un genre Old-Time acoustique, on ne devine pas à priori que sa grande passion, c’est la Chine et la culture chinoise. D’ailleurs, elle chante aussi en chinois !
Malheureusement (ou heureusement), point de sinologisme sur “City of Refugee”, tout est chanté en anglais.
Le chinois, c’est rigolo, mais c’est pas super adapté à la folk et au rock ; ça vous donne une voix à la Newsom. Mais on y trouve quand même quelques clins d’œil mélodiques (comme sur “Burn Thru”) et la présence d’instruments du cru, tel que le bien nommé “Guzheng”.
City of Refuge est un disque très classieux, quasi acoustique, qui fait la part belle aux instruments à cordes.
Certes cet album peut sembler un peu mou à la première écoute, ce qui est somme toute normal puisque les percussions y sont utilisées de manière très mesurée. Mais en prenant le temps d’écouter attentivement chaque partition, on perçoit une qualité musicale impressionnante.
La chanson “Chains” est un véritable petit bijou, sûrement le titre le plus mélodieux de l’album. “Last Train” et “City of Refuge” sont également d’agréables morceaux représentatifs du travail de Washburn qui rend, s’il en était besoin, ses lettres de noblesses à la Folk. Mais il serait injuste d’encenser ce disque sans parler de Kai Welch, qui a co-signé la quasi-totalité des titres, et du producteur, Tucker Martine, qui a déjà travaillé avec The Decemberists et My Morning Jacket.
Comme il est injuste de ne pas citer chaque musicien … mais là, la liste est bien trop longue.