De la fille à la femme…
À l’occasion de ses “premiers” adieux à la scène (le 6 décembre 2010) au Palace, j’ai rencontré Clarika. Coïncidence ou pas, le même jour sortira en téléchargement légal son nouveau single interprété avec Mariam Doumbia (du duo Amadou et Mariam), “De fille à femme”.
J’ai souvent interviewé Clarika parce que je suis un fervent admirateur de la dame depuis toujours. Je considère que cette grande dame de la chanson française n’est pas reconnue à sa juste valeur…. et nous sommes nombreux à penser ainsi.
Question : C’est quoi cette histoire de “premiers” adieux à la scène ?
Clarika : C’est une plaisanterie. C’est la dernière date et on a voulu marquer le coup. J’ai trouvé ça rigolo de faire un truc autour des adieux qui commencent et qui ne s’arrêtent jamais. Dans le spectacle, je me traite d’icône, donc, je pars du principe que toute icône se doit de faire ses adieux.
Question : À quoi devons-nous nous attendre lors de ce concert exceptionnel ?
Clarika :C’est le concert de la tournée, mais évidemment, il y a aura des évènements non prévus et quelques surprises. Je vais faire aussi un medley de tous mes “tubes”… On est allé piocher des trucs que seulement les fans de base connaissent, je parle de ceux qui me suivent depuis le premier album.
Question : Parlez-nous de la première partie de votre concert.
Clarika : Ça va déménager avec le groupe Electroboy 80. Ce sera un retour aux années 80 grâce à leurs reprises déchainées, revisitées, rock, techno, on ne sait plus, mais c’est surtout à ne pas manquer, énergie et bonne humeur…
Question : Dans ton parcours il y a cette particularité que tu ne vends pas tes albums en masse, mais que tes concerts sont toujours pleins à craquer.
Clarika : D’album en album, les ventes sont croissantes, donc ça me rend un peu sereine. Dans la mesure où un album en emmène un autre, que je sens qu’il y a un public qui grandit dans les salles, tout va bien ! En plus, je vends assez de disques pour être suffisamment crédible auprès de mon entourage professionnel. C’est vrai que je ne suis pas une grosse vendeuse, mais je suis quand même bien installée. Moi, ma peur, c’est plutôt de ne plus avoir d’inspiration.
Question : Tu te demandes parfois : “Est-ce que je serai capable de faire un nouvel album ?”
Clarika : C’est exactement ça ! Les deux premiers albums, on les fait un peu dans l’insouciance et après, ça commence un peu à se corser, car il ne faut pas redire les mêmes trucs. Forcément, on revient toujours vers les mêmes thèmes : l’amour, la séparation… Il faut trouver un autre moyen d’en parler. Bizarrement, avec l’expérience, on devrait considérer qu’écrire une chanson, c’est de plus en plus facile. C’est tout le contraire.
Question : Tu écris tout le temps des chansons ?
Clarika : Clairement pas. Les tournées, c’est l’histoire de l’album qu’on vient de faire, je trouve donc difficile de se projeter vers de nouvelles histoires. Quand j’arrête une tournée (130 dates, à peu près, entre deux albums), pour retrouver l’inspiration, il faut que je me pose un peu, que je reprenne tout à zéro.
Question : Tu sors un single d’une chanson qui figure sur ton dernier album, Moi en Mieux. Mais, cette fois-ci interprété en duo avec Mariam Doumba (de Amadou et Mariam).
Clarika :Je me suis toujours dit que cette chanson méritait d’être chantée avec une autre représentante de la gent féminine. Avec Jean-Jacques Nyssen (pygmalion et “homme de sa vie” de Clarika), on a cherché plusieurs pistes et on a fini par considérer que l’univers de Mariam convenait parfaitement au morceau. Elle nous a dit qu’elle appréciait beaucoup le texte et que le thème la touchait. Elle et moi, c’est une rencontre entre deux univers différents. On aimait bien l’idée que ce soir Mariam seule qui chante, sans Amadou. De toute façon, ils sont tout de même indissociables. Il était là lors de l’enregistrement. Pour Amadou, c’est une expérience assez nouvelle, de se mettre plus en avant. La chanson a été réarrangée. C’est un mélange de nos deux cultures respectives.
Question : Tu es très partageuse, musicalement parlant. Tu interprètes très souvent des duos…
Clarika : Ce sont souvent des questions d’opportunités, de hasard total ou d’invitations qui m’ont été faites. Quand Jonasz t’invite, tu ne dis pas non, par exemple. Avec Mariam pour ce single et avec Bernard Lavilliers aussi, c’est nous qui sommes allés les chercher.
Question : Tu deviens une artiste qui compte, une artiste qui d’album en album devient de plus en plus reconnue.
Clarika :Même si ma notoriété publique est assez lente, depuis que je suis dans le métier, elle est en constante progression. J’ai une vraie reconnaissance du métier, des critiques et des artistes, c’est ce qui me rassure pas mal. Certaines personnes me considèrent comme un espèce d’électron, moi, je ne me sens pas du tout marginal.
Question : En fouinant sur Internet, j’ai essayé de trouver des articles négatifs sur toi et ton œuvre. Je n’ai rien trouvé de la sorte.
Clarika : Tant mieux, tant mieux (rires). C’est souvent très gentil, autant pour mes concerts que pour mes disques.
Question : Pourquoi n’y-a-t-il jamais eu de captation de tes concerts en CD ou en DVD ?
Clarika : Les “live” représentent “peanuts” pour les maisons de disque. On ne peut pas dire que ce soit leur priorité. Ceci étant, personnellement, je ne suis pas fan des albums live. Je me rends compte que je préfère écouter les albums studios.
Question : Avec La Grande Sophie et Rachel des Bois, tu fais partie des toutes premières chanteuses rock “qui ont des choses à dire” de la scène française. Toutes les trois, vous avez ouvert une grosse brèche. Aujourd’hui, tu suis la carrière de quelle chanteuse ?
Clarika : J’aime beaucoup Yael Naim qui vient de sortir son deuxième album. J’aime aussi des artistes à voix comme Cat Power et Feist, cette lignée pop folk. Dans les Françaises, j’apprécie La Grande Sophie, Jeanne Cherhal, Émilie Loizeau, des chanteuses comme ça…