The Fall
EMI
Sortie : Avril 2011
Composé sur Ipad en un mois au cours de la dernière tournée de Gorillaz, The Fall est un “album conceptuel”… ou une sorte de documentaire musical des pérégrinations (souvent désoeuvrées) d’un mec qui en a visiblement ras le bol du café instantané des aires d’autoroute et de “se donner en spectacle” aux quatre coins de la planète.
Le quatrième album de la ménagerie d’Albarn n’est pas des plus réjouissants, ni des plus sophistiqués… ce qui ne l’empêche pas d’être bien foutu et convainquant !
Avec The Fall, Damon Albarn a joué sur l’économie d’effets, d’invités… et d’à peu près tout le reste. Seules quelques tronches connues font une petite apparition ici ou là (Mick Jones et Paul Simonon apparaissent sur un morceau chacun, et Bobby Womack chante sur “Bobby in Phoenix”).
Pas d’explosions sonores ni d’orchestrations grandiloquentes au programme, puisque la conception de l’album sur iPad a imposé à Albarn un minimalisme qui lui va plutôt pas mal… et qui offre un fascinant contre-point au récent Plastic Beach.
Etranges et souvent catatoniques, chacune des chansons qui composent l’album diffuse un parfum qui prend à la gorge, soulève le coeur ou tourne la tête : la fascinante “Amarillo”, la versatile “California & the slipping of the Sun”, l’électronique âpre de “Little Plastic Man”, le groove nauséeux de “Phoner to Arizona“, le dub boueux de “Hillbilly Man”, les synthés visqueux et mollassons de “Detroit” et “Aspen Forest”…
En clair, The Fall met en musique l’ennui des loooongues tournées, les remugles des aires d’autoroutes, l’attente stérile dans les salles de concerts vides et sans âmes, les soundchecks en mode automatique, les lendemains glauques et dépressifs de soirées aux sourires forcés.
Un album qui vaccinera tous ceux qui rêvaient du côté glamour de la vie de musicien…