Big Dada/Pias
Sortie Mai 2011
Avec le même sens du détail et la même ambition que Jay-Z, DELS fait de l’art “populaire”, certes, mais de l’art avant tout à travers cet opus aux nombreux pics émotionnels, à l’innovation musicale surréaliste, aux textes brillants, le tout réuni grâce à une vraie originalité un peu naïve mais bougrement inventive et efficace.
Kieren Dickins, alias DELS, est un rappeur d’un genre nouveau, autrement dit, ce n’est pas juste un rappeur, c’est un artiste hors norme.
Ayant déjà provoqué quelques remous avec les deux mises en bouche, Shapeshift et Trampalump, l’album Gob arrive à point pour compléter le tableau.
A l’heure où il est “à la mode” de travailler avec le plus de monde possible et d’afficher en crédit une liste de featurings et de collaborateurs longue comme le bras, l’album de DELS a été enregistré avec seulement trois producteurs, ceux intéressés à créer quelque chose avec lui plutôt que juste donner quelques beats… comme Micachu, par exemple, sans doute plus connue pour son côté indie (avec son groupe, The Shapes), mais dont l’intérêt pour le grime et le hip-hop n’est plus à prouver. Elle et DELS ont conjugué leurs talents sur les hymnes fracassés “Melting Patterns” et “Violina”, et distiller toute la violence désorientée et la colère désarticulée des ruptures amoureuses. Avec son ami et mentor Joe Goddard (de Hot Chip) s’en donne également à coeur joie (les premiers singles “Trumpalump” et “Shapeshift” nous l’avaient déjà démontré), spécialement sur le titre “Capsize”, où DELS dissèque et disserte sur la situation politique actuelle en compagnie du rappeur anglais, Roots Manuva, le seul MC invité de l’album.
Et puis, il faut bien sûr évoquer Kwes, qui est devenu le parfait compagnon de DELS. En quelques morceaux “Hydronenburg”, “Moonshining” et “Eating Clouds”, les deux hommes nous balancent en pleine face toute l’étendue de leurs ambitions… élevées !
Un album qui secoue, un peu, beaucoup.. et on en redemande.
Smart Ace