ATO Records/Pias
Sortie : Mai 2011
My Morning Jacket est sûrement l’un des groupes les plus énigmatiques de notre époque. Non pas que ces mecs se lancent dans des trips expérimentaux qu’eux seuls comprennent, mais simplement parce qu’on pourrait dire tout et son contraire sur leur musique, on aura toujours raison… la seule chose doit on soit sûr, c’est qu’elle est toujours géniale.
A la question stupide, “quelle est la meilleure chanson rock des années 2000 ?”, j’ai toujours été fidèle à la réponse ; “One Big Holiday” de My Morning Jacket.
Que vous soyez d’accord ou non avec mon opinion, il apparaît cependant que cette chanson n’est pas du tout représentative de l’œuvre du groupe. Car le reste, loin d’être aussi percutant, est généralement plus difficile à cerner et il faut une écoute attentive et minutieuse pour en percer les secrets. Leurs morceaux sont souvent longs et structurellement plus complexes qu’une bête alternance couplet/refrain.
Et comme MMJ jongle sans cesse avec les genres musicaux, définir leur style (Southern? Americana? Psyché? Indie?) relève forcément de la caricature.
Co-produit avec par l’inévitable Tucker Martine (qui apparaissait déjà aux côtés des Decemberists et d’Abigail Washburn en début d’années), Circuital est le premier album enregistré chez eux, à Louisville (Kentucky), dans un gymnase, histoire de mettre quelques paniers entre deux prises.
Toutes les chansons ont été enregistrées en condition live, chose que seuls les punk-rockers ou les mecs ultra-talentueux peuvent se permettre … et My Morning Jacket ne fait pas du punk.
Sur Circuital, il y a déjà cette remarquable chanson, “Holdin On To Black Metal”, de loin la plus tonique de tout l’album et également un bien beau grand-écart métaphysique. Les paroles parlent du rapport du Black Metal à l’adolescence, chanté en voix de fausset, avec beaucoup de cuivres, le tout sur un rythme inspiré par un vieux morceau de pop Thaï (”E-Saew Tam Punha Huajai” de Kwan Jai & Kwan Jit Sriprajan, pour les spécialistes).
Moins délirantes mais plus envoûtantes, les autres chansons, comme “Victory Dance” ou “The Day Is Coming”, sonnent presque comme de vieux tubes de The Band ou Grateful Dead. Presque … car du haut de ses 13 années d’expérience, My Morning Jacket a su développer un son qui lui est propre, détaché de toutes comparaisons barbantes.
Il faut quand même plusieurs écoutes pour apprivoiser la bête, mais on aurait tort de passer à côté simplement parce ce que “ça crache pas” dès les dix premières secondes.
Qu’on se le dise : si on est souvent perplexe en découvrant un nouveau My Morning Jacket, on finit toujours émerveillé.