Axiom

août 10, 2011

Axiom a.k.a Hicham

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EuropaCorp/Columbia-Sony
Sortie : Mars 2011

Pour son deuxième album solo, Axiom a.k.a Hicham, le rappeur “North Side” a pris le temps de bien faire les choses (comme d’hab, a-t-on envie d’ajouter), histoire de concocter une bombe sonore à l’impact chirurgical. Alliant hip-hop et musiques orientales, le “guerrier du rap”, amoureux du fond et de la forme, nous lâche une cargaison de beats incendiaires, d’instrus traditionnels et de flows sulfureux. En clair, ça dérouille sévère.. et forcément, on adhère !

“Rappeur activiste”, “artiste engagé”, auteur/producteur/interprète ; ça fait beaucoup de casquettes à porter pour une seule tête… sauf que lorsque les épaules sont solides et que la tête en question est bien remplie, déborde d’idées et de “créativité” (même si le gars n’affectionne pas particulièrement le mot dans ce contexte), cet empilement de casquettes n’est pas un poids écrasant, mais une liberté essentielle.
Or l’un des prix à payer pour cette liberté étant évidemment une masse de travail colossale, on comprend mieux pourquoi ce deuxième opus d’Axiom aura mis autant de temps à sortir (5 ans depuis le précédent album, Axiom) sous la bannière d’EuropaCorp, cette fois-ci (comme quoi, Luc a toujours le flair pour les bonnes affaires).
Axiom revient donc avec un 17 titres tout nouveau, tout chaud.. Enfin, on est carrément à la bourre niveau timing, vu que l’album est sorti il y a déjà 5 mois.. du coup la chronique sent un peu la poussière, mais qu’importe puisque l’album, lui, est toujours “fresh”.
Pour Axiom a.k.a Hicham, le lillois a donc pris le temps de mûrir ses beats, étoffer sa palette d’instrus, ciseler ses prods, aiguiser son flow et l’à-propos de ses propos… “engagés” la plupart du temps, car en “rappeur conscient”, Axiom n’est pas du genre à l’ouvrir pas pour ne rien dire, à dégainer pas ses rimes pour la frime ou la ramener juste pour le kiffe de s’écouter rapper. Le MC a des messages à faire entendre et annonce la couleur de but en blanc avec le tribal, “J’fais pas semblant”.
Le discours social n’est jamais très loin, et s’invite même à la première occasion, sans pour autant s’imposer lourdement.. “La Souris” et ses violons traditionnels qui grincent des cordes sur le récit d’un immigré expulsé d’occident, “La Tour des Miracles” (feat. Kamea de Mental Kombat) évoquant la réalité d’une (notre) commauté faite de communautés, l’émouvant “Bagdad” qui reprend le standard “Je m’appelle Bagdad” de Tina Arena, “Tout Est Normal” où les youyous et les airs de naïs (sorte de flûtes de pan diatoniques) allègent la gravité du sujet (la situation économique mondiale) ; Axiom observe, constate (puis agit..lui), et nappe le tout d’un enrobage mélodique arabisant (ouds, darboukas, et râbabs au taquet) histoire de faire passer les pilules de ces contes des mille et une nuits (blanches).
Moins intimiste que l’album précédent, Axiom a.k.a Hicham appuie néanmoins sur quelques-uns des bleus de l’artiste, notamment sur les morceaux “AAAx”, “1+1=-1″ , “Ô Mama”, “Dans La Tête D’un Fou” et “Insomnies”, où le rappeur se livre sans heurt ni rancoeur, se raconte sans se la raconter… pas question ici d’egotrip, juste des abcès à crever, des mots/maux à évacuer.
Rappelons qu’en épistémologie, un axiome est “une vérité évidente en soi sur laquelle une autre connaissance peut se reposer, et peut être construite (ou reconstruite) dessus.”
Cet Axiom-là nous lâche des vérités pas forcément évidentes pour tout le monde (surtout pour ceux qui ne veulent pas les voir), mais qui donnent assurément de quoi faire bouger les têtes et s’entrechoquer les neurones.