Sole and The Skyrider Band

Publié le 17 août 2011 par Zikaddict

août 15, 2011

Hello Cruel World


Fake Four Inc/Equinox Records
Sortie : Juillet 2011

Pour cette troisième galette concoctée en compagnie de son backing band, The Skyrider Band, le cador de l’abstract-hip hop, Sole, a décidé de changer son fusil d’épaule afin (on suppose..) d’élargir son angle de tire et de toucher un max de monde. Un flow plus classique, moins haché et fâché, des prods plus mainstream, plus domptées, Hello Cruel World oscille entre hip hop classieux et l’électro-rap “propre sur lui” à la Timbaland.

Loin des prods délurées et délirantes auxquelles nous avait habitués Sole et ses trois comparses multi-instrumentistes (originaires d’Arizona), The Skyrider Band, le nouvel album Hello Cruel World fait l’effet d’un virage au frein à main à 180°.
Désormais, la démarche est clairement de se rendre plus accessible, notamment en élaborant des prods plus “conventionnelles”, où le flow “plus basique” et les beats “plus simpl(ist)es” se déposent sur des mélodies new-wave et des espaces vides “plus maîtrisés”. Sole a donc en grande partie réfréné ses plusions et la frénésie de son de rap (à la base “out-of-control” et souvent arhythmique), pour privilégier cette fois-ci des prods plus mesurées, pondérées, contrôlées… plus chiantes en somme.
Du coup, les fans de la première heure risquent fort d’être déçus… pire même, les amateurs lambda de hip-hop “mainstream” lambda, donc, n’y trouveront peut-être pas non plus leur compte ! Parce que même si le gars essaie ici de faire rentrer son rap dans le moule, sa mixture déborde quand même dans tous les sens et manque de sel pour faire prendre la sauce.. En clair, le résultat est assez inégal… et, fatalement, déçoit un peu. Car à trop vouloir vendre son âme au diable (de la grande distrib), Sole en a perdu son inspiration (et aspiration) divine, ainsi que tout ce qui rendait son rap unique, captivant, tout simplement différent.
Que dire du fade “Immortality” et du “pas vraiment hot” “Fire” ? Que penser du racoleur (et donc, fatalement, efficace) “Vaya Con El Diablo” (feat. Isaiah Toothtaker, Mestizo et Ceschi) ou du (vieux) clou final, “Villon”, où le chant passé à la moulinette du vocoder fait grincer des dents… Pas grand chose à en dire, donc, puisque l’on en pense pas grand chose.
Ceci étant dit, tout n’est définitivement pas à jeter dans Hello Cruel World, loin s’en faut !
On retrouve tout de même, de-ci de-là au fil de l’album, le “bon vieux son conquérant” et le flow ébréché (que l’on aime tant) du gars, comme sur “Napoleon”, “D.I.Y”, “Fake Four Inc”, “Bad Captain Swag” (si l’on omet son refrain R’n'B tout moisi), l’inclassable ballade folk avec Sage Francis “Progress Trap”, ou encore le puissant “We Will Not Be Moved” (feat. Ceschi et Noah23) à condition d’omettre le militantisme primaire du texte ; “Want me to donate? We gave helicopters to Israel, free health care to the Middle East. Now who’s gonna fix my teeth?”, qui dérape carrément vers la philosophie de comptoir ; “Someday I’ll leave this place, be it by bullet or by rocket/ And they can use my corpse to fertilize another planet”..
Sérieux man, lis moins le journal et remets toi à weed et la musique, ça te réussissait mieux.