février 19, 2012
Freedom Of Speech
Big Dada/Pias
Sortie : Février 2012
Trois ans après avoir remporté un Mercury Prize pour son premier disque, Speech Therapy, Speech Debelle revient sur le devant de la scène avec un nouveau manifest hip-hop, Freedom Of Speech. Entre l’engagement politique d’un Abd Al Malik, le flegme britannique piquant d’un Roots Manuva et la “girls’ power” attitude d’une Keny Arkana, la londonienne ouvre son rap à un certain militantisme rusé et sa palette musicale à une certaine pop anglaise affutée.
En 2009, Speech Debelle avait séduit le public et la critique avec son hip-hop original, frais et rentre-dans-le-lard, qui apportait de la douceur à une scène rap anglaise essentiellement axée autour d’un grime soit “ultra ghettoïsé”, soit “électro-boboïsé”.
Avec son second opus, Freedom Of Speech, la rappeuse de 28 ans a mis en sourdine son côté introspectif pour s’intéresser cette fois-ci aux thèmes inusables de la révolution et de l’amour.
La première ébauche de ce nouvel album coincide avec les émeutes qui agitèrent Londres l’été dernier, et qui donnèrent naissance au redoutable single (traitant de révolution politique), “Blaze Up A Fire”, composé en compagnie de Roots Manuva et Realism.
Plus ouvert au niveau des textes, cet opus l’est aussi au niveau des sonorités qui s’orientent désormais vers un univers pop-rock sooo british, ponctué de synthés tranchants et incisifs (”Elephant”), et s’étirant parfois vers des vibes orientales (”The Problem”). On retrouve à quelques entournures la douceur jazzy qui fit le succès de la première galette (”Sun Dog”), et bien évidemment le flow clair, toujours aussi percutant et ultra maitrisé, de la rappeuse.
Les productions, amples et luxuriantes, sont quant à elles l’œuvre du jeune bidouilleur londonien, Kwes (à qui l’on doit notamment le premier album de DELS), qui réalise ici un travail de pro, avec un matos de merde (un lap-top et un clavier Midi-USB)… on lui tire notre casquette sur ce coup !
Très dense et d’une honnêteté brutale, Freedom of Speech ne fera sans doute pas l’unanimité, mais qu’importe ! Nous on adhère.. pas à 100%, mais bien à 75/80%… et par les temps qui courent, c’est déjà pas mal.