Pourquoi je suis déçu d’Osheaga 2013

Publié le 12 mars 2013 par Feuavolonte @Feuavolonte

Aaaah. Osheaga. Notre festival de musique à nous, montréalais. Notre Glastonbury, Coachella, Bonnaroo. Notre grande messe musicale collective digne des plus grands rassemblements du genre avec, au fil des années, la présence d’Arcade Fire, Sonic Youth, Bloc Party, et plusieurs autres têtes d’affiches de ce mouvement que l’on qualifie de «musique alternative».

Mais depuis quelques années, les critiquent fusent de toutes parts. Pourquoi inviter Eminem, Coldplay ou Mumford & Sons à un tel événement? Osheaga n’est-il pas sensé être le temple des hipsters, des indie kids qui ne jurent que par Pitchfork et renient tout courant commercial?

La réponse est simple: le casshhh. Un festival comme Osheaga, ça coûte cher. TRÈS cher. Booker autant d’artistes en si peu de journées demande beaucoup de bidous. C’est pourquoi votre passe VIP trois jours va vous coûter plusieurs journées de travail.

Et Sonic Youth, Arcade Fire et Bloc Party ont beau être des groupes qui ont influencé plusieurs courants musicaux, ils ne rempliront pas le Parc Jean-Drapeau à pleine capacité.

C’est pourquoi le festival a quelque peu changé de vocation depuis quelques années, et pourquoi les gros noms du monde «alternatif» se retrouvent parfois à jouer en après-midi ou dans des scènes plus éloignées. Ou sont carrément oubliées.

Bon alors, ce lineup 2013, qu’en est-il? Comme vous le savez probablement, on a The Cure et Mumford & Sons en têtes d’affiche, Phoenix, New Order, Vampire Weekend, The Lumineers, Kendrick Lamar et d’autres. De bons noms, vous direz. Oui et non, sera ma réponse.

The Cure comme headliners? Vraiment?! En tout respect pour Robert Smith (que j’adore), son groupe n’a pas accompli grand-chose depuis les années 90. Un peu comme New Order, qui jouera sans son bassiste fétiche, Peter Hook. Deux groupes mythiques qui ne seront pas à la hauteur de leurs légendes, et c’est dommage. Si Osheaga avait vraiment voulu faire plaisir aux nostalgiques, ils auraient invité My Bloody Valentine, dont le dernier album était excellent. À ce que je sache, rien n’excuse leur absence (pour le moment du moins).

Ensuite, Mumford & Sons. Groupe pop-folk très populaire du moment. Vous êtes nombreux à les aimer. On le sait. Mais sincèrement, méritent-ils d’être en TÊTE D’AFFICHE d’un festival de la trempe d’Osheaga? Ok, ils feront de même à Bonnarro, partageant le sommet avec… Paul McCartney. Un vrai de vrai génie de la musique. Mumford c’est bien agréable à la radio, mais le groupe n’a pas la trempe mythique d’un Blur (Optimus Primavera Sound Festival), d’un Stone Roses (Coachella) ou d’un David Byrne ou de Björk (Bonnaroo).

Ensuite? Phoenix, Vampire Weekend, Kendrick Lamar, etc. De très bons artistes, mais rien capable de rehausser la faiblesse des têtes d’affiche.

Tout n’est évidemment pas perdu. Hot Chip, Alt-J, Beach House, Explosions in the Sky, Big Boi, Silversun Pickups, Azealia Banks, Father John Misty, Misteur Valaire, Frightened Rabbits, We Are Wolves, Diamond Rings, Wild Nothing… De bons noms se retrouvent sur ce poster promotionnel. Mais est-ce que ça vaut vraiment le prix à payer?

J’ai peut-être l’air nostalgique d’une époque où Osheaga n’était pas un gros party pour les college girls américaines et où les groupes acclamés par la critique «alternative» étaient rois. Ça sonne presque comme le gars qui dit «oui mais mon band préféré était meilleur quand il ne passait pas à la radio, maintenant tout le monde les connaît, c’est plate». Sauf que mon groupe préféré, au lieu d’être au sommet du festival pour son accomplissement musical, se retrouve en plein après-midi à devoir réchauffer la scène pour un groupe qui lui doit pourtant une bonne partie de son succès (je parle ici de groupes comme Sonic Youth ou Pavement, pour ne pas les nommer).

Allez donc au Governor’s Ball à la place. Même si Kings of Leon et Gun’s and Roses c’est loin d’être indie, le reste de la programmation est hallucinante.