Boards of Canada – Tomorrow’s Harvest

Le hype entourant la sortie de Tomorrow’s Harvest n’est pas superflu

boards of canada tomorrows harvest 300x300 Boards of Canada   Tomorrows HarvestTomorrow’s Harvest, sorti lundi dernier, fut d’abord introduit à l’aide d’un stunt publicitaire. Comme vous le savez probablement déjà, on distribua quelques vinyles dans quelques magasins de disques ici et là lors du Record Store Day. Ces vinyles, intitulés —— / —— / —— / XXXXXX / —— / ——, contenaient aucun morceau en particulier, seulement de la statique, quelques tonalités et un robot qui compte.

Il aurait été plus intéressant de faire le même coup avec l’album en tant que tel et ne pas le rendre disponible en ligne ou ailleurs. On aurait parlé ici de performance artistique plutôt que de simple stunt. Mais bon, tout compte fait, Boards of Canada, malgré leur popularité, a probablement toujours des comptes à payer.

Tomorrow’s Harvest est ce dont on peut s’attendre de la part de Boards of Canada. La musique, en terme de sonorités et progression(s), suit ce dont le duo de Marcus Eoin et Mike Sandison avait d’abord brillamment entrepris sur Geogaddi en 2002 et revisité avec The Campfire Headphase en 2005. On y retrouve la même formule, soit plusieurs morceaux longs et courts accompagnés de quelques vignettes plus ambiantes.

Si vous êtes dans le mode écoute active, la musique de Tomorrow’s Harvest saura rapidement vous captiver. On y perd pas de temps. Gemini agit en tant qu’intro, quelque peu chaotique, et ouverture pour Reach for the Dead qui se révèle être un très bon premier morceau. Les fréquences basses apaisent et font place aux percussions downtempo et à une séduisante ligne de synthé old-school. C’est d’ailleurs ce qui fait la force de Boards of Canada. La variété de sons et de synthés purement analogue donne un caractère humain à la musique.

Cold Earth, sixième morceau, est la première pièce qui s’apparente plus à une chanson qu’à de l’expérimentation. Cold Earth s’apparente beaucoup à ’84 Pontiac Dream de l’album The Campfire Headphase. C’est le genre de morceau que l’on revisite souvent sans nécessairement écouter le disque entier. L’album contient d’ailleurs peu de pièces de ce genre. Il y a un peu plus d’expérimentations et d’éléments ambiants.

C’est peut-être triste à dire, mais vers le milieu de l’album, on s’emmerde un peu. Tandis que les percussions, la basse et le groove maintiennent toujours notre attention (comme sur Sick Times ou Split Your Inifinities par exemple), le manque de direction claire et de mélodie précise est frustrant. Cela est dû au fait que Boards of Canada a su créer une musique expérimentale ayant quelques moments catchy (avec entre autres Roygbiv et Julie And Candy) par le passé. Il est facile pour l’auditeur d’exiger la même chose. Heureusement, les pièces Nothing is Real et New Seeds ressuscitent l’intérêt initial.

Come to Dust est sans contredit le meilleur morceau de l’album et risque fort probablement d’être en tête des listes des meilleures chansons de 2013. Dès les premières secondes, il est possible de ressentir l’envergure de la pièce. Il s’agit d’un morceau aux proportions épiques, presque aussi satisfaisant que Dayvan Cowboy (emblématique de Boards of Canada à son sommet).

Il s’agit d’un bon album, même s’il n’est peut-être pas toujours aussi satisfaisant qu’escompté lorsqu’on le compare avec les albums précédents. Le duo derrière Boards of Canada sait néanmoins comment développer un esthétisme unique qui rappelle Vangelis, Jean Michel Jarre et Tangerine Dream, sans nécessairement se copier ou copier ceux-ci. Tomorrow’s Harvest mérite plus d’une écoute.