Avec son nouvel album solo, Ere Afrique, Passi réapparait dans toute sa vérité et sa complexité (assumée et partagée en toute simplicité). Après cinq ans d’absence (en “solo”), le “Congolais de Sarcelles”, Antillais à temps partiel, grand “ambianceur” à temps complet, interprète et producteur en alternance, et amoureux de l’Afrique devant l’Eternel, sort un nouvel opus ensoleillé, coloré et dépaysant. Ne cherchez plus, cette année l’été se passera dans votre salon !
Pour son retour, Passi a choisit de continuer d’explorer les chemins de traverse avec un album de rap largement africanisé, approfondissant encore un peu plus son incursion dans les sonorités tribales de tous pays.
Avant tout un disque de collaborations, Ère Afrique fait voyager l’auditeur entre la Guyane, l’Afrique (dont celle du Sud), le maghreb et Cuba. Un tour de chants (du monde) qui méritait quelques éclaircissements…
Question : Tu n’avais pas sorti de projet “solo” depuis l’opus, Evolution, sorti en 2007. Qu’as-tu fait ces 6 dernières années ?
Passi : J’ai été pas mal occupé ! Il y a eu la sortie de l’album, Africa, en 2009, avec le crew Bisso Na Bisso. On a fait plein de tournées, au Canada, en Afrique, aux Antilles, et quelques dates aussi en France. On a fini “d’exploiter le disque” fin 2010, début 2011. Donc c’est vrai que le Bisso m’a pris pas mal de temps. Depuis, chacun est reparti dans ses projets solos. Du coup, comme j’avais sorti pas mal de trucs depuis plus de 10 piges, je me suis dis que j’allais prendre du temps et faire les choses tranquillement. Entre 2011 et 2012 je me suis enfermé en studio et j’ai bossé sur deux albums, plus un livre. Donc c’est vrai que pendant deux ans, j’ai un peu disparu de la circulation. J’ai pas fait de télé, de radio ou d’interviews. Aujourd’hui, je réapparais avec le premier des deux albums, Ere Afrique, et avec un livre. Donc la machine se remet en route.. Je reprends le chemin des plateaux… et les interviews !
Question : Après ton travail avec le Bisso, et aujourd’hui Ere Afrique qui est un album de collaborations principalement axé autour des musiques africaines, on peut se demander si tu en as marre des sons “occidentaux” et as épuisé ton intérêt pour les artistes français.. ?
Passi : Non, pas du tout ! C’est juste que j’ai déjà fait plein de duos avec des artistes français.. IAM, Calogero, Johnny Hallyday, Oxmo Puccino, Christophe Maé.. J’adore travailler avec des artistes de tous horizons géographiques et musicaux ! Pour cet album, je voulais donc continuer à fouiller les richesses de l’Afrique et des Caraïbes avec des artistes que je kiffe vraiment. C’est un peu comme si je m’étais fait une liste de mes “duos rêvés” et que je les avais enregistrés l’un après l’autre. En fait, je me suis juste fait plaisir ! C’est un disque de partage assez égoïste dans le fond ! (rire)
Question : On trouve une foule d’artistes venus d’horizons différents. Comment as-tu choisi et recruté tout ce petit monde ?
Passi : La plupart d’entre eux sont des artistes que je connaissais déjà ou avec lesquels j’avais déjà bossé, comme Manu Dibango, Jacky Brown des Nèg’ Marrons, et le cubain, Roldan, qui était là sur le premier Bisso et qui est quelqu’un que j’adore, ou bien des artistes avec lesquels j’avais envie de travailler depuis un moment, comme Meiway, de Côte d’Ivoire, Fally Ipupa du Congo. Il y a aussi des coups de coeur, comme Nicky B (de la Jamaïque) que je ne connaissais pas.. c’est son producteur me l’a fait écouter et je suis tombé “sous charme” ! Du coup, les influences de cet album ne se limitent pas aux frontières de l’Afrique.
Question : Congo, Libéria, Sénégal, Afrique du Sud, Cameroun, Jamaïque, Tunisie, Maroc, Cuba, Côte d’Ivoire, Martinique/Guadeloupe… C’est un joli tour du monde que tu nous offres là !
Passi : (rire) Oui, j’aime bien l’idée d’offrir un tour du monde au public ! Cet album parlera sûrement à beaucoup de monde, parce qu’il y a du français, de l’anglais, de l’espagnol, du wolof, du lingala… Quand s’est familier pour les uns, c’est éxotique pour les autres ! (rire)
Question : Comment ça s’est passé pour l’écriture des morceaux ?
Passi : C’était un travail de collaboration d’écriture. Chaque artiste y est allé de sa plume, car la plupart d’entre eux écrivent leurs propres trucs en temps normal. Donc ce sont non seulement des duos de voix et d’influences (ça va du soukous au makossa, en passant par le zouk), mais aussi des duos de stylos.
Question : Comment s’est passé l’enregistrement du titre, “Bantou Life”, avec Manu Dibango ?
Passi : Super bien ! On avait déjà bossé ensemble.. il m’avait invité sur son dernier album et on a fait plusieurs concerts ensemble (à la Cigale, au Festival de Jazz de Vienne).. Pour “Bantou Life”, il a insisté pour que le morceau soit facile, mais qu’il passe un message aux jeunes. Il y a des trombones, des saxos, de la batterie, c’est un morceau qui envoie !
Question : Justement, quels sont les messages portés par cet album ?
Passi : Il y a toujours un message d’éveil au plan de la mentalité “panafricaniste”. Mais c’est aussi un message pour la France et le reste du monde. L’Afrique est un continent du futur ! Il y a beaucoup de choses de ressources, de richesses culturelles, des terres à cultiver et des structures à développer. L’Afrique aura une grande importance dans le monde de demain.
Question : Petit portrait chinois de l’album : Si cet album était un paysage ?
Passi : Je ne vais pas me prendre la tête, je dirai plage, soleil, avec un petit rade avec de la musique à fond et des gens qui s’éclatent.
Question : Une rue/boulevard/avenue ?
Passi : Une grande avenue africaine, peut-être une des avenues principales au Congo avec l’armée qui défile.. parce que c’est un opus somme toute assez engagé.
Question : Une pièce de la maison ?
Passi : La terrasse. Parce que c’est aussi un album “très sourire” et moins cérébral que les précédents.
Question : Un cocktail ?
Passi : Un mojito-mangue
Question : Un plat ?
Passi : Une belle assiette d’alloco (ce sont des bananes plantains frits), avec un petit rhum gingembre à côté.
Question : Un Film ?
Passi : Un film petit ivoirien super sympa qui s’appelle Bal Poussière.
Question : Un moyen de locomotion ?
Passi : Un avion d’Air Afrique.
Question : Un des 4 éléments ?
Passi : La Terre mère.
Question : Un mot ?
Passi : J’hésite entre “sourire”, “amitié”, et “unité”… non, en fait c’est plutôt “rassemblement” !