Kanye West

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Roc-A-Fella Records/Def Jam Recordings/Universal
Sortie : Juin 2013

Outre sa sexe tape avec Kim, le nouvel album de Kanye West était l’une des sorties les plus anticipées de 2013. Contrairement à ses histoires de (grosses) fesses avec Karda-chiante, Yeezus n’a pas bénéficié du tapage médiatique auquel on aurait pu s’attendre, surtout lorsque l’on considère la liste impressionnante de guests vocaux (Assassin, King L, Justin Vernon, Frank Ocean, Chief Keef, Kid Cudi, Charlie Wilson..) et super-producteurs (Mike Dean, Kilhoffer, Daft Punk, Rick Rubin..) enrôlés pour l’occasion. Il faut croire que Kanye a ses priorités !

Le sixième album de Kanye West, Yeezus, a pris naissance à Paris, et, selon les dires de l’intéressé, aurait été énormément influencé par l’architecture et le design (qu’il s’est mis en tête d’étudier) qu’il a découverts en visitant le Louvre. Une lampe de Le Corbusier aurait particulièrement été une “grande source d’inspiration”. Etudiant le design sous la houlette de l’architecte Oana Stanescu, Kanye a visité plusieurs maisons conçues par Le Corbusier et fut fasciné par la nature radicalement nouvelle des choix artistiques de ce dernier, décidant alors d’appliquer les mêmes principes à son art et de faire un album qui aura pour vocation de casser les codes.
Mettant en place de nouveaux paramètres de son et de style, le rappeur insiste désormais pour que son nouveau son n’ait pas les “variations de basses” issues du dubstep, mais incorpore des éléments d’”industrial music” des 90’s, de punk-rock, de new wave, tout en renouant avec la Chicago House des années 80.
De nature essentiellement électronique, le son savamment distordu de Yeezus donne l’impression d’avoir été conçu à partir de boîtes à rythmes dérèglées, de synthétiseurs déglingués et des samplers basse résolution, donnant une aura digitale pixelisée à la plupart des sons analogues.
Outre la prod impeccable du génial Rick Rubin, les Daft Punk, qui ont produit 4 titres de l’album, ont eux aussi fait du bon boulot notamment sur le séminal, “Black Skinhead”, et sur le disco “Random Access Memories”, sur lequel Brodinski et Gesaffelstein apportent leur touche en maltraitant la console. Hostile, abrasif et volontairement torturé, Yeezus ne manque pas de moments “crépusculaires”, notamment avec “Can’t Hold My Liquor” (feat. Chief Keef et Justin Vernon) ; un titre à l’ambiance glauque et suintant de basses dégoûtantes.
L’album recèle également d’un bon nombre de samples “old school”, notamment sur “Blood on the Leaves,” qui reprend un hook du titre “Strange Fruit” de Nina Simone (datant de 1965), ou encore “On Sight” qui interpolate une mélodie du titre “Sermon (He’ll Give Us What We Really Need)” de la Holy Name of Mary Choral Family.
Bref… ça tire en peu dans tous les sens, presque à l’aveuglette.. et en clair, l’opus n’est pas clair, voire carrément obscure.. mais comme c’était clairement le but recherché, on assumera que c’est plutôt réussi.
Comme dirait Kanye, “les visionnaires peuvent être mal compris par leurs pairs non-éclairés”.. à bon entendeur.