Dirty Gold
Island Def Jam/Universal
Sortie : Mars 2014
La jeune et belle Angel Haze fait cohabiter un “street hip-hop” brut de décoffrage avec des mélodies bien taillées et propres sur elles ; un mélange allèchant au demeurant, mais qui a comme un arrière goût d’Oreo resté sous un siège de bagnole pendant 6 mois… c’est encore bon, mais c’est pas le top. Avec son album, Dirty Gold, la jeune rappeuse de vingt-deux ans distille un son qui cherche à séduire tant les bad boys que le grand public… erreur (de débutante ?).. car à trop vouloir ratisser large, elle risque juste de se prendre un rateau.
Comme la plupart des artistes de sa génération, Angel Haze a commencé par sortir une série de mixtapes avant d’être “découverte”, puis signée sur un label qui publiera ensuite son premier EP “officiel”.. le schéma “classique” en quelque sorte.
Sa reprise du titre “Cleaning Out My Closet” d’Eminem, qui avait notamment retenu l’attention, fut l’occasion pour elle d’évoquer les abus sexuels subis pendant son enfance. Comme beaucoup d’artistes de sa trempe, sa trajectoire n’à rien d’un long fleuve tranquille. Née à Detroit, Raykeea Angel Wilson a été élevée au sein d’une Eglise pentecôtiste fondamentaliste ; genre de secte où les membres ont peu de contacts avec l’extérieur, où la musique et le port de bijoux ne sont pas tolérés.. en clair, une communauté pleine d’interdits et de comportements déviants. Sa famille finira par mettre les voiles pour aller s’installer à New York ; la jeune femme a alors 16 ans.
On retrouve inévitablement des traces de ce parcours mouvementé sur son premier album, Dirty Gold, mais sans qu’Angel Haze en fasse pour autant son fonds de commerce.
C’est d’ailleurs un peu la surprise de ce premier essai. Alors qu’on s’attendait à une (dé)charge frontale, à des bourrasques de rap-électro survoltés, des mises en accusation éclatantes, des imprécations vengeresses et des flows ravageurs, Dirty Gold se dilue assez souvent dans un sirop de pop édulcoré… et forcément, on a du mal à cacher notre déception.
Épaulée assez mollement par des producteurs comme Markus Dravs, Malay, Greg Kurstin, la jeune femme tente, on le sent bien, d’extirper le feu de ses entrailles et de mettre son mal en musique.. des morceaux comme “Rose-Tinted Suicide”, “Black Synagogue” et “Black Dahlia”, alternent entre flows enfiévrés et lyrics concernés. Malheureusement, ce côté vindicatif et revendicateur est (trop) souvent étouffé.. les vieilles habitudes ne sont décidément pas loin..
Des ballades molles du genou comme “Planes Fly”, ou le duo avec Sia, qui se parodie sur “Battle Cry”, sont presque superflues au vu de la tonalité d’ensemble de l’opus.
Métisse black-cherokee, Angel Haze collabore également avec A Tribe Called Red, collectif électro qui intègre des éléments sonores tirés du patrimoine des Indiens “natifs”.
Sur “New York” et “White Lilies/White Lies”, la jeune femme trouve indéniablement le bon équilibre entre accessibilité et accents singuliers.
Bref. L’étincelle est bien là, mais Angel Haze a peur d’approcher les allumettes et de tout incendier… tiraillée en permanence entre la colère et le désir de séduire.
Smart Ace