Disiz

Transe-Lucide

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Def Jam France
Sortie : Mars 2014

Disiz nous balance le dernier volet de sa trilogie “Lucide“. Pas franchement mieux ni vraiment moins mauvais que ces prédécesseurs, Transe-Lucide distille un rap électro “Kanye-Westien” qui se défend dans la forme, mais s’autodétruit méchamment dans le fond. On se console en se disant que Transe-Lucide est le dernier chapitre de la série… ouiii, enfin !!

Quand un gars vend sa trilogie (Lucide/Extra-Lucide/Transe-Lucide) comme étant “le témoignage d’un mec revenu dans le rap pour remonter le niveau“, puis que ce même gars ouvre son album avec le genre de rime « Quand j’étais petit à la cantine c’était à base de po-po-po-porc/Si t’en manges pas tant pis pour toi va faire du spo-po-po-port », on se dit que le gars est sûrement aussi niais que prétentieux… sentiment maintes fois renforcé au cours de l’album, notamment grâce à des “proutlines” qui puent à 100 mètres, des jeux de mots fins comme des chappes de plomb et des rimes qui ne riment à rien… quelques morceaux choisis ; « Que je rappe bof, c’est rare comme Alpha Wann sans sac à dos/Si je rappe mal ? les culs de jatte font-ils des Kakato?/ “Vous rappez bien” merci, je prendrai un macchiato », « Moi j’aime la boxe, pas le tennis, j’ai les boules et l’pénis/ Rap génie, j’veux être béni, avoir la foi comme en Tchetchénie », « Mon style de rap est prohibé, j’ai trop d’idées/J’suis pas trop intelligent, c’est juste toi qu’es trop teubé », « Si le flow était un crime, je serais déjà au car-pla/J’pose tellement carré on dirait que j’pose du carrelage »… Passée l’envie de rigoler, on se sentirait presque mal à l’aise pour lui, voire même un peu inquiets pour l’état de ses chevilles surgonflées. Certes, son rap électro a un côté “fresh”, bien pompé (sur les tendances outre-atlantique) et qui tranche avec la majorité des prods hexagonales.. mais de là à s’en faire une phlébite, faut pas pousser !
Avec Transe-Lucide Disiz confirme donc, certes, son habileté à choisir de bons samples et à construire un son original, mais il confirme aussi et surtout son habileté à brasser du vide et des idées reçues… à en juger par son obstination à ressasser les mêmes thèmes à tours de disques (”Fuck les Problèmes”) et à débiter des poncifs traités de long en large par le rap français depuis des lustres (”Banlieusard Syndrome”).. entre les histoires d’enfance pauvre (”Miksine”), de “vie pas facile” et d’ego-trip détestable (”Rap Genius”), Disiz nous épargne aucune platitude et caricatures du milieu du rap.
Quelques titres sortent néanmoins du lot, de par leur forme super accrocheuse (”Kamikaze”, “Mc Kissinger”, “King of Cool”) ou du sujet abordé, plus intime et parfois un peu maladroit (”Echo”, “Kadija”, “Luv (Prends Le Risque)”, “Complexité Française (feat. Simon Buret)”).
Bref, il était temps de mettre un point final à cette trilogie. Voilà qui est fait. Next ?

Smart Ace