Ekphrön
Jarring Effects
Sortie : Mars 2014
Amateurs de musiques indies des années 60 à nos jours, High Tone a toujours su intégrer un panorama musical varié à des éléments technologiques propres à chaque décennie ; guitare wah-wah des 70’s, synthès des 80’s, turntablism et sampler des 90’s et logiciels électro des années 2000. Entre expérimentation et maturation, leur nouvel opus, Ekphrön, démontre une fois de plus leur habilité à conjuguer “rétro” et électro.
S’inscrivant dans la continuité de No border, le deuxième opus d’Out Back, le thème premier d’Ekphrön est le voyage. Au départ pensé comme celui, géographique, dont est empreint leur musique, le voyage est passé du macrocosme au microcosme, pour se focaliser sur l’expérience intérieure dont l’opus porte le nom. Littéralement du grec hors d’esprit, le titre renvoie à la transe que peut procurer la musique, ce moment de perte des sens communs, le point de rupture, le décrochage de la réalité, l’oubli de soi.
Musiques anciennes, archaïques, traditionnelles, spirituelles, fusionnées avec l’urbain, le béton, l’électronique comme une tentative d’harmonisation du monde.
Ekphrön est un condensé des différentes approches d’High Tone quant à différentes ambiances abordées dans les albums précédents, reflets de l’ouverture des membres du groupe et des sensibilités de chacun.
“Basis” ouvre l’opus avec un morceau dont l’approche créatrice en fait la B.O. d’un film imaginaire, suit un “All expectations” ambient rappelant la froideur douceureuse de Boards Of Canada. “Wahqam Saba” réconcilie les fans du groupe au gros son frontal mêlé aux samples ethniques caractérisques de la formation depuis ses débuts. Le featuring vocal de l’incontournable Shanti D sur le single, “Until the last drop”, fait de ce morceau à l’électro aérienne teintée de post rock LE titre mainstream qui plaira à un très large public. “Raag Step” flirte lui avec la vague dubstep, avec la lourdeur rythmique emblématique du quintet lyonnais, et des skanks “antartiquesques” connotés Brain Damage : les incontionnels de morceaux comme “Spank” ou “Uncontrolable Flesh” seront comblés. “72 turned off” propose une ambiance hiphop teinté de rock rappellant l’excellentissime et très expérimental “Paul’s Boutique” des Beastie Boys. Le chant rap de Oddateee sur “Old Mind”, morceau très électro marqué au fer rouge par le style rythmique High Tone confirme le style “urban dub” mis en avant par le groupe.
“A fist ful of yen” reprend les sonorités asiatiques chères au groupe dub, avec un semblant de dubstep, sans jamais tomber dans la facilité des clichés manquant souvent d’originalité de ce style très en vogue en ce moment.
“Super kat” clos cet album sur une rythmique entre dub et hiphop parsemée de samples accouchés d’un descendant des Kraftwerk et saupoudré de cuivre épiques.
On ne peut pas qualifier de “concept album”, mais sa fraicheur créatrice ravira l’auditeur et demandera plusieurs écoutes pour en percevoir toutes les subtilités.
Bref, un album de qualité, grisant et excitant, qui mérite une place de choix dans votre playlist !
Smart Ace