Coachella décodé par Fabrice Brovelli
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Si vous pensez que Coachella est un festival de musique, et bien c’est une erreur. Avant tout, Coachella, est un festival lifestyle. On y vient rarement pour découvrir un groupe ou un artiste, mais plus pour se montrer et faire des rencontres. Coachella est certainement l’évènement musical le plus relayé de la planète et il faut dire qu’il y en a pour tous les goûts : Outkast, Lana del Rey, Pharrell Williams, Disclosure, Arcade Fire, Skrillex, Flume, Woodkid, etc. …
La base
D’abord, ce qui est le plus important quand on va a Coachella c’est d’avoir une villa avec piscine, chauffée (c’est mieux) et si il y a un jacuzzi, c’est cool, ca détend les pieds.
Il est important aussi d’avoir les bons pass. Bon, le pass VIP c’est le minimum à Coachella, si on peut accéder au guest, c’est cool, et enfin le pass artiste, là c’est le top. Mais en fait les pass, ca ne suffit pas (ce serait trop facile sinon) : il faut avoir un pass voiture artiste secteur 3 et le pass parking résidentiel (pour circuler autour du festival)!! Et oui, sinon le retour chez soi sera quelque peu similaire à un retour à Paris au 15 Août…
Les peoples
Les peoples, eux, s’y rendent le premier week-end, car il y a toutes les parutions des magazines, et c’est mieux pour se montrer, les magazines. Petite remarque aussi, les peoples ne sortent uniquement qu’à la tombée de la nuit, car c‘est là où la lumière est la plus belle et se faire photographier la nuit, dans le noir, ca ne sert à rien… C’est pour cette raison que j’aime y aller le deuxième week-end, car le festival est plus concentré sur la musique que sur les peoples. En revanche, j’ai quand même croisé un « fils de », une petite sauterelle (30 kilos tout mouillé) qui se tenait devant moi, très habillé, accompagné de ses 6 gardes du corps… (le fils Will Smith) comme quoi, même par 35°, le ridicule ne tue pas. Pas à Coachella. Jamais.
Les marques
Coachella c’est le seul festival qui a une vrai signature visuelle : lorsqu’on voit des palmiers et une grande roue, on reconnaît immédiatement le festival. Chaque année ils ajoutent un élément phare, cette année c’était le cosmonaut Gravity.
Leur signature est vraiment travaillée et particulière, elle est unique au monde. Le plus surprenant c’est qu’ils ont su aussi imposer une chartre graphique aux marques, afin de ne pas polluer visuellement l’esthétique du site. Par exemple, les marques distributeurs comme Coca-Cola ou Heinekein sont totalement débrandés et remplacés par Coachella. Les marques comme Samsung ou Séphora voient leur logo entièrement intégré à l’esthétique du festival. Un bon nombre de festivals pourrait prendre exemple. On ne pense vraiment pas aux marques présentes, ce qui est un énorme paradoxe quand on pense qu’on est aux Etats-unis, ou le branding est roi …
Les filles
Coachella est un RDV international, et on ne va pas se mentir, l’un des intérêts d’y aller, c’est aussi les filles. On y voit vraiment les plus belles filles du monde
Elles sont sexy, très apprêtées et dégagent une fraîcheur, qui fait parfois du bien au milieu d’un festival… En clair c’est la débauche totale, toutes ces filles en micro shorts affolent à peu près la totalité des hommes (non-raisonnés) du festival.
Moi et ma bande de copines :
L’alcool
Aux Etats-Unis, on le sait, majorité est à 21 ans. On doit donc tous passer à l’IDs CHECK pour avoir le droit de consommer. Seulement une fois passé le check point (et oui j’ai mes 21 ans tout juste), personne n’a le droit de boire devant la scène, c’est formellement interdit. On doit donc boire dans une zone délimitée prévue à cet effet. Comme un fumoir, mais pour la bière. Une fois les deux verres autorisés (et deux seulement…) je peux enfin aller voir ce qui se passe sur scène.
Les artistes
J’étais en effet venu pour Woodkid, mes camarades Reimois faisant partie d’un entourage (technique, musiciens, production…) aussi familier qu’un repas dominical. On peut dire que la présence de l’enfant des bois à Coachella a attiré l’intérêt des Américains et n’a pas démérité. Son concert, très visuel, fut l’un des meilleurs. Woodkid, full of ambitions, a même fait la clôture de son show avec A$AP FERG venu rapper sur « Iron ». Grand moment, Cool le mec.
Flume, qui nous avait déjà bien scotché au Lollapalooza de Santiago du Chili, offre sa version de You & Me de Disclosure (hymme de la dernière pub Lacoste) électrisant tout le public de Coachella…
Le live de Little Dragon était intriguant, on aurait dit du Yelle Américain, j’ai été étonné de l’engouement du public (photos). J’avais d’ailleurs RDV avec son manager en backstage, mais je sais pas si se sont les euphorisants ou la chaleur, je n’ai jamais trouvé sa caravane…
Puis mes amis m’ont tiré vers le concert de Lana Del Rey, et grand bien leur a pris. Moi qui était rétif à l’américaine, celle-ci a su m’attraper dans un concert d’une sobriété et d‘une élégance rare .
J’ai aussi eu l’occasion de faire une plongée ethnologique dans le monde d’Alesso et de l’EDM (Electro Dance Music) Américaine. L’écriture est plutôt simple, un passage romantique qui te ballade, puis une montée, un drop et une descente… On entendait les foules reprendre les « Ah ah ah » et puis les « Oh oh oh » en cœur, et ce pendant des heures. L’EDM génère une euphorie encore une fois étonnante malgré les répétitifs « Ah ah ah » et « Oh oh oh »… Et pendant ce temps, dans une autre dimension, Laurent Garnier et Dixon étaient en dj set sur une autre scène, essayant de convaincre un public qui ne joue pas dans la subtilité. Il y a un énorme schisme entre l’EDM d’un Calvin Harris jouant sur la grande scène et les mix un peu Old School de nos deux DJs, ces derniers essayant d’offrir un véritable voyage électronique et de qualité, tandis que l’autre ne se contente que de jouer ses prods comme on passerait un disque sur sa chaine sans enchainement, sans vision, dans un cynisme le plus complet, tout en provoquant l’hystérie de la foule. (et ouais, c’est cela l’Amérique…)
En conclusion, je retiendrai le concert d’Arcade Fire qui, sans être exceptionnels, ont été égaux à eux-mêmes, à savoir très bons.
Et puis quand même, à Coachella, le plus important, c’est ce concours de guests auquel jouent les artistes. C’est celui qui aura le plus lourd. Et je crois que la palme revient à Arcade Fire qui a fait croire pendant quelques minutes que les Daft Punk étaient venus les accompagner sur scène, un joli pied-de-nez à tous ceux qui se sentaient obligés de rivaliser de concours de guest pour exister.
Vivement Coachella 2015 !