Fujiya & Miyagi

Publié le 10 mai 2014 par Zikaddict

Artificial Sweeteners


Yep Roc/Differ-Ant
Sortie : Mai 2014

Fujiya & Miyagi font partie de ces rares artistes qui ont offert un goût doux-amer de la pop tout au long de leur carrière. Sous des lignes de synthé sucrées, le trio de Brighton manifeste toujours son amour pour le krautrock des années 70, et l’annonce de ce 5ème album confirme que la dualité lumineuse et obscure du groupe.

Oyez oyez braves gens ; préparez-vous à vous pourrir les dents et vous griller les neurones avec Artificial Sweetners !
Steve Lewis, Matt Hainsby et David Best servent une nouvelle série de morceaux sirupeux avec assez d’additifs pour laisser un goût hyper sucré et teinter la langue en vert fluo.
Avec Ventriloquizzing (le 4ème album), David Best avait réalisé que la meilleure chose qu’ils arrivaient à faire était de faire danser les gens et de produir une réaction physique sur les corps.
Leur nouvel opus, Artificial Sweeteners, est un retour à leurs racines, avec un album ouvertement plus électro, qui peut rappeler le 2ème album, Transparent Things, sorti en 2006.
Revenir à leurs influences premières, les fêtes sur la plage et les raves dans les entrepôts de Brighton, se délectant de découvrir d’anciens samplers et synthés, s’opposant à la technologie numérique dont ils continuent d’explorer les limites.
Mais ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas de régression !
Sur les instrumentaux “Rayleigh Scattering” et “Tetrahydrofolic Acid”, la musique de Fujiya & Miyagi n’a jamais été aussi bouillonnante et croustillante. “Little Stabs At Happiness” sonne comme un précieux 10’’ des débuts de DFA, qui aurait été dépoussiéré et enduit de sucre pour 2014. Sur d’autres titres comme “Daggers” et l’ouverture disco de “Flaws”, on mesure toute la cool arrogance dont le trio est capable, bénéficiant d’une confiance qu’ils ont acquise depuis une dizaine d’années.
La voix de David Best est immédiatement reconnaissable ; calme, glaciale et inébranlable même lorsque l’atmosphère environnante est lourde et épaisse.
Les mots, choisis plus pour leur sonorité que pour leur sens, et la répétition des phrases rappellent Gainsbourg ou encore Iggy Pop. « Tous deux savaient comment donner de la profondeur à quelque chose d’anodin ou de superficiel » explique David, « en coupant tout ce superflu, vous vous mettez à produire quelque de moins complaisant ».
Si Artificial Sweeteners est délicieusement délirant, il est aussi peut-être leur album le plus maigre.. bizarrement.