Je ne le fais pas toujours exprès, en vrai. C'est souvent des rencontres qui entraînent des projets et puis tu t'attaches aux gens, et tu as envie d'explorer un truc nouveau, et hop, une nouvelle casquette. Et puis, aussi, ça permet de faire vivre de plus en plus de monde autour de moi, et c'est quand même le but ultime, et même la seule ambition de tout ce bazar : que tous mes copains et copines vivent de ce qu'on fait, y prennent du plaisir, et aient envie de transmettre ça à ceux qui arrivent.
So Foot, comme So Film, se différencient par une liberté éditoriale, un caractère bien trempé et un goût certain pour la vanne, tu en avais marre de l'information sobre et factuelle ?Je n'en avais pas marre réellement, dans le sens où je n'ai jamais monté un magazine en protestation contre un ordre établi ou une institution, mais je ne m'y retrouvais pas toujours. Du coup, tu discutes avec un pote et tu lâches un " et si on faisait ça ". La plupart du temps, c'est une blague. Le problème c'est que la plupart du temps, on finit par donner vie à ces boutades, et ça devient des magazines, ou des films, ou des disques. Ce qui est rassurant, quelque part, c'est que ce n'est jamais facile, donc c'est toujours une aventure, et c'est ce qui nous soude.
On peut dire que ton pari " on raconte des histoires " vs " on relaye l'info le plus vite possible " paye. Tu es l'exemple vivant que la presse marche encore et qu'on peut s'y investir, quelles ont été pour toi les grandes étapes décisives dans le lancement de tes magazines? Et de quoi es-tu le plus fier aujourd'hui parmi tes diverses activités ?Ce dont je suis le plus fier, c'est la façon dont on travaille. Ca fait hyper mièvre de dire ça, mais honnêtement, se marrer tous les jours au bureau, c'est quand même le pied, et je suis fier d'avoir réussi ça : fédérer des gens que j'aime autour de projets qui deviennent leurs projets autant que les miens, et qui se battent pour le truc. En ce qui concerne les grandes étapes, je pense que mes rencontres avec des Stéphane Régy, Marc Beaugé, Javier Prieto Santos, Joachim Barbier, Vincent Ruellan, Alexandre Gonzalez, Cyrille Fourmy, etc, etc. ont été décisives. Parce que parfois, tu es crevé, tu as passé trois nuits blanches, tu n'es pas rentré chez toi depuis 72 heures, et tu n'as qu'une envie c'est de roupiller, et t'en as toujours un qui est là pour remettre un coup de starter, et ça repart. Échanger avec mes potes qui étaient au début de l'aventure, et qui ont pris un peu de recul depuis mais sont toujours un peu dans l'ombre, est aussi un moment important de chaque lancement. En fait, je déteste être seul, travailler seul, j'ai besoin d'échanger avec les gens pour avancer. J'ai rarement des idées tout seul, en vrai.
J'ai lu que tu te lances désormais sur un quinzomadaire sur les gens, en France, est ce que tu peux nous en dire plus sur la ligne éditoriale ? Plutôt Striptease ou Humans of New York ?Alors en fait, c'est pas vraiment un quinzomadaire sur " les gens en France ". C'est un magazine de société, au sens large, on parlera aussi bien de ce qui se passe à Manille, en Corée du Nord, à Calais qu'à Los Angeles. Un magazine qui entend raconter notre époque, en être à la fois le témoin, le conteur et le décrypteur. Je suis très attaché au récit, j'aime qu'on fasse vivre les lieux, les personnes, j'aime sentir que je suis dans l'action quand je lis un papier, et c'est une sensation que je retrouve rarement dans la presse. On est très influencés par la littérature américaine, d'une part, l'humour anglo-saxon d'autre part, donc ni Strip Tease, ni Humans of NY, en vrai. Ca s'appellera SOCIETY. Basiquement.
As-tu un exemple, un modèle, un gars que tu encenses, que tu respectes particulièrement dans ce monde ?Il y en a plein ! Difficile d'en citer un plus que les autres.
Peux-tu nous sélectionner 5 titres qui représentent l'esprit de tes magazines ?