Beat Sexü : premier attouchement

Moment privilégié avec les membres du groupe électro-disco aux influences ludico-sexuelles. Beat Sexü, un quintette éclaté né au Pantoum, un temple spirituel situé à Québec.

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Ils décrivent leur musique comme étant un mélange ludique de funk, de disco et d’électro-rock. Ce qui les démarque de leurs comparses: ils incorporent un monde multimédia rétro aux influences sexy et sensuelles à leur musique. C’est une expérience multisensorielle! Ayant lancé son premier EP intitulé Première fois en mai 2014, le groupe se produit occasionnellement en tant que band, et offre parfois des DJ sets.

Par une froide soirée printanière, armés de leurs tuques et équipements, Feu a volonté a rencontré Jean-Michel, Jean-Étienne et Antoine*, dans le sous-sol du Divan Orange, sous les planches craquantes de la salle bondée, bière à la main, dans les sofas battus.

Comment vous êtes-vous rencontrés?

Jean-Étienne: Jean-Michel et moi sommes des amis de longue date. On a commencé à jouer de la musique ensemble à l’adolescence dans des bands, avec Antoine, entre autres. On a tous fait partie de différentes formations chacun de notre côté. Par la suite on a rencontré Maxine et Symon. Beat Sexü, dans le fond, ça se trouve à être un collectif de plusieurs groupes de Québec qui ont des intérêts musicaux communs. On est aussi ceux qui sont derrière le Pantoum, la salle de spectacle à Québec.

Antoine: On fait de la musique disco-rock avec des paroles semi-osées, toujours un peu borderline, qui fait quelque chose de super festif et dansant. C’est aussi beaucoup plus pop que n’importe quel projet qu’on avait chacun de notre côté. C’est plus accessible.

Vous faites dans le rétro. Êtes-vous des nostalgiques ?

Jean-Michel: Ben … j’ai un Super Nintendo

Antoine: Je ne pense pas que la nostalgie c’est quelque chose qui catalyse notre style ou nos personnalités. On aime autant les vieux trucs que les nouvelles productions. Pour la production, de mon côté, il y a beaucoup d’images qui viennent d’archives donc c’est rétro mais c’est pas une motivation derrière le groupe d’être rétro ou vintage.

Jean-Étienne: C’est plus le style qui nous amène vers là. Il y a une bonne partie influencée par le disco, mais on amène une couleur plus moderne à travers tout ça.

Ces dernières années, on a assisté à un revival du disco/électro, notamment avec Daft Punk, Todd Terje et Broken Bells. Est-ce que ça vous a inspiré ou vous auriez fait ce genre de musique indépendamment de tout ça?

Jean-Michel: On fait ça indépendamment, mais ça a probablement joué sur nous.

Jean-Étienne: C’est probablement inconscient aussi.

Jean-Michel: Ouais. Random Access Memories et Todd Terje, ça a comme été des sommets culminants qui ont indiqué ce qui s’en venait pour les années à venir. Derrière ça, il y a beaucoup d’artistes qui travaillaient dans l’ombre avec ce style. C’est sûr qu’en quelque part, ça a dû avoir une influence sur nous. La musique dansante c’est tellement intéressant, ça vient de tellement d’endroits avec des variantes de styles. Il y a tellement de choses qu’on aimerait explorer. On a plein d’idées qui germent.

Dans les influences qui sont très variées, il y a des trucs qui vous rassemblent?

Jean-Michel: il y a le dernier de Flying Lotus que J-E a vraiment adoré, auquel on a accroché. Il y a Todd Terje qui nous a tous fait triper. Le dernier Kendrick Lamar aussi. J’ai l’impression que ce sont des albums qu’on va réécouter plus tard, et on va se dire qu’on n’avait pas compris à l’époque.

Le groupe est né de manière très spontanée. Est-ce que vous créez de manière très spontanée aussi?

Jean-Michel: Ça dépend du contexte. Si une occasion awesome se présentait, comme une tournée avec un artiste établi, ça nous prendrait du nouveau stock. On annulerait tout et on composerait comme des fous. Étant donné qu’on travaille actuellement sur beaucoup d’autres projets, on compose dans le temps qu’on a de libre.

Jean-Étienne: On va essayer de prendre plus de temps pour les prochaines compositions. Le premier EP a été fait en rush et ça se ressent. Les rythmes et les hooks sont là, mais nous on sent qu’un peaufinement supplémentaire aurait pu être fait. On veut amener le concept du band plus loin éventuellement.

Est-ce que le gout de créer quelque chose comme Beat Sexü vient d’un manque? Trouvez-vous qu’au Québec l’aspect plus lascif et sexy n’est pas assez présent dans la musique?

Jean-Michel: C’était peut-être inconscient.

Antoine: C’est vraiment né d’une discussion entre nous: «il faudrait faire du beat sexu». D’où le nom, finalement. C’est ce que nous on avait le goût de présenter, mais on ne s’est pas dit concrètement que ça manquait.

Vous faites dans le sexy et le rétro. Vous considérez-vous comme les Ron Jeremy de la musique?

Jean-Étienne: Haha non pas exactement, on est plus les Hugh Hefner! Le Pantoum c’est notre Playboy Mansion!

L’aspect vidéo qu’Antoine apporte est central à Beat Sexü. D’où est venue l’idée? C’est fondamental pour vous?

Antoine: Moi, en fait, je suis à Montréal et le reste du groupe est à Québec, donc lorsque le groupe s’est vraiment mis en marche, Jean-Étienne m’a demandé si je voulais embarquer. Puisque j’étais ici, je ne pouvais pas vraiment m’impliquer musicalement, mais je travaille dans la vidéo donc on s’est dit que des projections ça pourrait être cool. Ça implique une certaine liberté du côté du VJ, même si c’est lié à la musique. Les deux sont de plus en plus interreliés et difficiles à dissocier. Je voulais vraiment collaborer sans pouvoir m’investir musicalement. Finalement, le résultat est très agréable et on a envie de le pousser plus loin. Ca rajoute aussi une dynamique avec le public.

Pour quelqu’un qui ne vous a pas vu en show, à quel point vous poussez le côté «sexü» sur scène?

Antoine: Le côté sexü est surtout suggéré. Certaines séquences que j’utilise sont carrément sorties d’un vieux documentaire sur la pornographie qui date des années 1950. Des fois c’est un couple en loop qui se tient la main. Il y des superpositions d’images qui individuellement n’ont rien de sexy, mais lorsqu’on les met ensemble, il y a quelque chose qui ressort. C’est pas toujours quelque chose de sexuel ou sensuel qui est présenté, ça va en fonction des chansons. Ça devient parfois complètement abstrait.

Jean-Étienne: C’est sexü, et non sexuel. La nuance est là.

Ça crée des tensions dans la salle des fois entre les spectateurs?

Jean-Étienne: Juste quand on va sur chatroulette pour essayer de pogner des gars qui se touchent!

… pour vrai?

Jean-Étienne: Non mais c’est pas fou ! Imagine qu’on fasse ça (rires).

Vous auriez quelque chose entre les mains avec ça!

Jean-Étienne: Lui aussi d’ailleurs (rires)!

Vous avez lancé une campagne de financement musical à Québec. Comment ça marche? C’est quoi ce projet?

Jean-Étienne: On a sélectionné une dizaine d’artistes de Québec, on a choisi une chanson de chacun d’eux et on la reprend à la sauce Beat Sexü. L’objectif de ça, c’est d’enregistrer un album où toutes ces chansons seront présentées et on veut faire participer un maximum d’artistes de Québec. L’objectif c’est vraiment d’avoir une espèce d’album réseautage ou plein d’artistes se rendent hommage les uns, les autres via la musique dansante plus accessible de Beat Sexü. Ça nous permet d’avoir un album avec une chansons des Indiens (un son rock super pesant), mais aussi d’avoir le côté plus kitsch de Gab Paquet.

Jean-Michel: C’est nous qui initions le projet, mais ce sont les artistes qui contribuent. On veut que tout le monde participe.

Jean-Étienne: C’est une grosse compilation de party finalement. C’est un projet rassembleur pour les artistes de Québec. Comme un Big Shiny Tunes: Quebec Edition. La campagne de financement, c’est pour pallier aux coûts de production de cet album-là.

Avez-vous d’autres projets en préparation?

Jean-Étienne: On travaille en parallèle sur du nouveau matériel qui paraîtra éventuellement sur un album au courant de l’année prochaine. Avec le Pantoum, on est en train de monter notre propre boîte de booking et notre propre label. Beat Sexü risque d’être le porte-étendard de ce label-là.

Le Pantoum, c’est en train de devenir un monstre?

Jean-Michel: Ça a toujours été un laboratoire. C’est une cabane où tout est possible. On est dans une période où l’industrie change énormément. Le Pantoum dispose d’une infrastructure qui nous permet de nous rencontrer pour faire naître des projets, quelque chose qui peut être viable.

Dans le meilleur des mondes, qu’est-ce qu’on peut souhaiter à Beat Sexü?

Jean-Michel: Une viabilité à faire ce qu’on aime, d’aller chercher le plus possible les gens. C’est le plus beau choix de vie de faire passer un bon moment aux gens, de leur faire oublier qu’ils ont 10 000 $ de dettes pour une soirée. C’est ça notre passion!

Pour être au courant des dates de spectacles et autres nouvelles de Beat Sexü, surveillez leur page facebook.

Si vous voulez vous initier au cocktail sexy disco du groupe, ça se passe ici:

Les gens intéressés à contribuer à la campagne de financement peuvent le faire ici.

*Beat Sexü:

Jean-Étienne Collin Marcoux, voix et batterie
Maxine Maillet, voix et clavier
Jean-Michel Letendre Veilleux, voix et guitare
Symon Marcoux, bass
Antoine Bordeleau, vidéos