Ariane Moffatt: shooters bleus à 22h22

Publié le 23 mai 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

Ariane Moffatt au Métropolis

Avec Milk & Bone en première partie,

juste pour être encore plus heureux

Il y avait foule au Métropolis en ce vendredi soir frisquet. Une foule de fidèles toujours aussi dense qui attendait l’heure de Montréal avec impatience. Des plus jeunes, des plus vieux, des garçons aussi. Tous contents. Et polis. J’en ai pas vu un regarder sa montre. Pour tous, il était 22h22.

Le 22, soit dit en passant. Concept.

Photo: Caroline Bélanger

À peine ai-je mis le pied dans la place et déjà on m’apprend que les shots sont à 2 $ (je sais, je suis en train de me faire une réputation là). Mon sourire redescend un peu quand je constate que ça concerne seulement une liqueur bleue au goût d’expérience à ne pas répéter…

Ma grimace s’éteint, Milk & Bone s’installe sur scène. Or, à partir de maintenant plus rien ne me dérange. Sauf peut-être toi, en avant, avec ton trop-plein de bonheur, mais je te laisse encore le bénéfice du doute.

C’est phénoménal ce que ce duo formé de Camille Poliquin et Laurence Lafond Beaulne peut sonner tonne de brique. J’ai beau être au fond de la salle, les basses fréquences me traversent le corps, comme j’aime. Et ces voix! Camille Poliquin, je m’incline bien bas. Autant de puissance, même dans la douceur, de la précision à couper au couteau, digne d’une take studio retravaillée, shinée, mais exécutée dans ma face, sans effort. À chaque début de chanson je me dis: «c’est ma toune».

Bref, une première partie parfaite qui réchauffe très pertinemment les planches pour Ariane et ses musiciens, qui ne sauraient tarder.

Ce qui me laisse un peu de temps pour revenir à toi, en avant. Je te présente mes excuses. J’ai failli te juger trop rapidement. C’est que j’ai eu une journée pas facile, tu comprends? Et j’ai cru que tu allais me voler mes dernières onces de patience, mais non, tu m’as contaminée avec ton enthousiasme. Hey tu as vu? Il y a un serveur géant qui mesure 7’1 ». Je le sais parce que c’est écrit sur son chandail. Bon ça commence. En tout cas bon show!

Même si c’est pas l’heure, Moffatt ouvre sur 22h22, chanson titre de son récent album. C’est doux. Un peu comme de se faire dire «je vais rentrer dans ta bulle, mais ça va pas faire mal». C’est facile à accepter.

Puis elle nous présente ses nouvelles couleurs, ses claviers dont les sons rendent nostalgiques ceux d’entre nous qui ont vécu les années 80 puisque, quelque trente ans plus tard, on a  le droit, oui, de récupérer certains éléments de cette sombre époque et de les trouver beaux.

Et tant qu’à être dans la nostalgie, c’est en revisitant Hasard, chanson qui a déjà presque quinze ans, qu’Ariane nous introduit à son univers sonore actuel. Ça fonctionne franchement bien, comme quoi une chanson efficace le reste.

La foule est vraiment dedans. Fidèle à son habitude, Moffatt adapte juste assez ses chansons à la scène pour créer un beau mood. D’ailleurs, quand je regarde la quantité de bras levés dans la salle, on se croirait dans un festival.

Après quelques titres aux claviers feutrés et aux rythmes qui s’emparent presque inconsciemment de mes hanches, Ariane s’offre In The Air Tonight de Phil Collins en reprise. C’est joli, mais ça colle à l’originale. J’anticipe donc, comme tout le monde, LA passe de drum de l’histoire de l’humanité, mes baguettes imaginaires prêtes à fendre l’air. Coup de théâtre! Show de boucane sur la scène qui nous révèle une Ariane Moffatt installée derrière le drum, prête à s’offrir ce moment épique. J’étais persuadée que cet instant serait le pivot pour amener la pièce ailleurs, mais non. L’interprétation, bien que sympathique, reste assez sage.

Moffatt reste toutefois à la batterie pour entamer Mon corps, un des moments forts du spectacle, alors qu’elle est rejointe sur scène par le rappeur Eman. C’est bien bon dans les oreilles.

Le show tire à sa fin, on a droit à un moment de tendresse, piano voix, avec les filles de Milk & Bone.

Mon nouveau meilleur ami en avant semble ravi, ainsi que tous les visages qui m’entourent. Ça siffle beaucoup entre les pièces. Moi je pense que ça a quelque chose à voir avec les shooters bleus. D’ailleurs, à 2 $ je n’ai pas résisté, j’ai réessayé. La conclusion a été la même. C’est dégueulasse.

Un show visiblement émotif, efficace, bien rodé, mais qui a semblé assez court. Ariane Moffatt conclut une rentrée montréalaise réussie sur un généreux rappel qu’elle interprète seule à la guitare, accompagnée de la foule, à laquelle je me joins, priant intérieurement pour ne pas être pour mes voisins, la fatigante qui chante trop fort en se trompant dans les paroles…